CES JOURS-CI, les journaux autrichiens sont remplis d’articles sur ce sujet, ce qui n’a rien d’étonnant car l’Ordre des médecins a organisé un voyage de presse en Suisse, pays où la propharmacie est largement répandue, pour montrer aux journalistes les avantages du système. Actuellement, les médecins autrichiens n’ont le droit de délivrer eux-mêmes des médicaments que si leur cabinet est situé à plus de six kilomètres d’une pharmacie : 900 médecins, essentiellement dans des zones rurales isolées, bénéficient de ce droit. L’Ordre, en se basant sur l’expérience suisse qui, dans plusieurs cantons, a totalement libéralisé le système, plaide officiellement pour que tous les médecins puissent distribuer des médicaments, où qu’ils soient. Selon l’instance ordinale, cela simplifierait beaucoup la vie des patients, surtout pendant les gardes de nuit et de week-end, sans même parler de ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas se déplacer. Selon une enquête, un patient sur deux se dit favorable à la distribution des médicaments par le médecin.
Les médecins seraient rémunérés par un honoraire fixe, indépendant du prix de la boîte, et n’auraient donc, selon l’Ordre, aucun intérêt économique à délivrer un produit plutôt qu’un autre. Cette proposition, transmise aux pouvoirs publics, suscite la colère les pharmaciens autrichiens, qui prédisent, dans un tel cas, la disparition de nombreuses officines, surtout à la campagne… alors même que les médecins, dans le même temps, se plaignent d’être surmenés et de ne pas pouvoir mener à bien toutes leurs missions.
Pour l’Ordre des pharmaciens, la plupart des médecins ne sont ni formés ni suffisamment disponibles pour dispenser eux-mêmes des médicaments, et l’élargissement de la dispensation finirait par se retourner contre l’ensemble de la population. De plus, selon le président de l’Ordre régional des pharmaciens du Tyrol, Martin Hochstöger, deux études menées par l’université de Berne ont montré que la dispensation par le médecin se traduit par une augmentation de 20 à 30 % des coûts pharmaceutiques, par rapport au coût pour un même traitement délivré en officine. Il rappelle, en outre, que « les médecins et les pharmaciens ne doivent pas faire le même métier », tant pour des raisons scientifiques que professionnelles et économiques.
Les médecins rétorquent que, en Suisse, et notamment dans le canton de Zürich, pourtant très urbanisé, la généralisation de la propharmacie n’a pas entraîné de fermetures de pharmacies mais, au contraire, a permis au patient de choisir lui-même l’endroit où il souhaite obtenir ses médicaments, et le niveau de service auquel il s’attend dans ce domaine.
La polémique entre les deux professions, aux relations souvent tendues, n’est pas prête de s’apaiser, même si aucune modification législative n’est prévue, sauf énorme surprise, à ce sujet dans l’immédiat.
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