Sur le plan juridique, le président des Etats-Unis n'a bafoué aucune loi, bien au contraire. Le congrès a adopté en 1995, soit il y a 22 ans, un texte appelé « Jerusalem Embassy Act » qui prévoyait déjà le transfert de l'ambassade. Il autorisait toutefois le président en exercice à repousser de six mois en six mois l'application de la loi. Les présidents Clinton, Bush et Obama n'ont donc jamais mis en œuvre le texte adopté pendant le premier mandat de Bill Clinton. Quelles que fussent leurs raisons, et elles sont claires, ils abusaient d'une clause de la législation. Sur le plan purement formel, M. Trump s'est donc contenté de mettre un terme à une situation quelque peu absurde en tenant une promesse électorale qu'il avait faite pendant sa campagne.
Le soutien des deux parties
On peut certes se poser des questions sur ce comportement, mais le président pense probablement qu'il a habilement joué ses cartes. Il lui importe plus de satisfaire le noyau dur qui le soutient encore (et qui n'est pas numériquement négligeable) que de se conformer à la bien-pensance internationale. Sa décision sur Jérusalem s'ajoute à une longue liste de mesures, comme la répudiation de l'accord climatique, la dénonciation de traités commerciaux, la contestation de l'accord nucléaire avec l'Iran ou l'interdiction faite à des ressortissants de certains pays de se rendre aux Etats-Unis. Le monde exprime sa colère, c'est ce qui fait jubiler M. Trump. Sur Jérusalem, il a d'ailleurs trouvé dans son pays un soutien plus large que d'habitude pour la simple raison que le pacte israélo-américain est une cause sacrée pour les républicains et les démocrates à la fois.
Il faut donc se garder de ne voir dans cette affaire qu'une de ces aberrations auxquelles Trump nous a habitués. Cette fois, il n'a pas ignoré les lois ni même, du point de vue américain, la sagesse conventionnelle. Il est convaincu qu'à partir de la position de force qu'il a adoptée, et des bouleversements qu'elle aura provoqués, il deviendra indispensable à une négociation de paix entre Israël et les Palestiniens. Il n'est pas exclu que, après ce geste, il fasse pression sur Benjamin Netanyahu pour qu'il consente à ouvrir des pourparlers avec l'Autorité palestinienne.
Mais il n'exercera jamais sur le gouvernement israélien une volonté qui risque de lui être reprochée par le parti républicain, soutenu par la droite évangéliste, et que M. Netanyahu rejetterait. Il n'y a pas de gratitude en politique. Bien entendu, Trump joue avec le feu. Il est incapable de dire qu'il maîtrisera une nouvelle intifada ou une explosion de plus dans le monde arabo-musulman. La crise qu'il a engendrée a de bonnes chances d'échapper à son contrôle, au moment où la puissance militaire américaine trouve ses limites, où le fanatisme religieux fait des ravages, où la Russie, qui domine la situation en Syrie, se repaît des difficultés de Washington. Il s'aliène les alliés naturels qu'il a dans le monde arabe (Jordanie, Egypte, Arabie saoudite) et déclenche l'embrasement partout où l'Amérique compte ses plus violents ennemis. Sa politique étant imprévisible, les conséquences qu'elle produit sont encore plus incertaines.
Ce qui est tragique, dans le comportement de Trump, c'est sa diplomatie de l'isolement. En fermant ses frontières, en rejetant sans discrimination tout ce qui est musulman, en multipliant les mesures protectionnistes, il contribue non seulement à l'inquiétude de ses alliés en général et des Européens en particulier, mais il les transforme en adversaires. Pour être le faiseur de paix qu'il prétend devenir, il lui fallait le soutien des Israéliens et des pays arabes à la fois. Lui qui souhaite faire alliance avec les pays arabes dits modérés les contraint aujourd'hui à se retourner contre lui, alors que ces mêmes pays souhaitaient se rapprocher d'Israël, préférable, à leurs yeux, à l'expansion de l'Iran.
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