LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Pourquoi avez-vous décidé de mettre en place un observatoire des ruptures d’approvisionnement en médicaments ?
GILLES BONNEFOND. – Avec l’enquête, nous avions voulu réaliser une photo de la situation. Avec l’observatoire, nous souhaitions identifier l’origine de ces ruptures et comprendre pourquoi le phénomène s’amplifie. Finalement, en trois mois, près de 880 incidents nous ont été signalés ; ceux-ci ne concernaient pas moins de 264 spécialités différentes. Phénomène inquiétant, 173 incidents déclarés rapportaient des délais de rupture supérieurs à trois jours et concernaient 104 spécialités différentes. Autre enseignement, cela concerne beaucoup de médicaments courants et pas seulement des vaccins, des traitements du VIH ou issus de la réserve hospitalière. Le plus grave est que l’on constate une accélération du phénomène, qui entraîne une dégradation du service pharmaceutique.
Comment les officinaux font-ils face à la situation ?
Environ 140 d’entre eux ont pu se réapprovisionner en commandant directement auprès du laboratoire. Près de 470 ont fait, quant à eux, appel à un grossiste répartiteur autre que celui qui les approvisionne habituellement. Du coup, ce dernier leur a parfois demandé des frais de livraison supplémentaires. Et puis ces ruptures font perdre du temps. En moyenne, les équipes officinales ont en effet passé 26 minutes pour régler chaque incident.
Que pensez-vous de l’idée de donner la possibilité à des officinaux de remplir le rôle de semi-grossistes ?
Je suis très réservé face à cette proposition. Les exigences de traçabilité vont augmenter et il n’est pas souhaitable que les officinaux fassent le métier d’un autre acteur de la chaîne du médicament. Quoi qu’il en soit, la régulation du système est indispensable. Il nous faut trouver des réponses différentes et spécifiques pour traiter les produits spécifiques.
La Laboratoire Roche demande à l’AFSSAPS de mettre en place un cahier des charges précis pour distribuer certains produits spécifiques. Est-ce une bonne solution selon vous ?
Je suis totalement opposé à toute mesure sélective. Je ne veux pas que le pharmacien soit contraint pour s’approvisionner de passer par un grossiste sélectionné par un laboratoire. Je suis plutôt favorable à l’adoption d’un texte qui permettrait une régulation par l’AFSSAPS du système. Mais chacun devra alors jouer la transparence. Les laboratoires proposent de ne plus inciter à l’exportation parallèle en mettant en place un système de double prix et certains grossistes de mettre complètement fin au contingentement, ce qui dérégulerait le système. Il est clair que le contingentement ne doit plus être seulement fixé par les industriels, mais mis en place dans l’objectif d’une régulation des flux pour les besoins des patients du territoire français. L’USPO ne laissera pas cette situation se dégrader et échapper aux intérêts des patients et des pharmaciens. Le ministre de la Santé va être très rapidement saisi.
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