Officine pratique

Préparer le jour de garde en 7 points

Publié le 19/11/2012
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Crédit photo : phanie

1. GÉRER LES STOCKS

Il est important de savoir anticiper et de commander suffisamment de produits pour répondre à toutes les demandes des patients et éviter les ruptures de stock. Pour préparer les commandes de garde, les outils informatiques d’aide à la gestion peuvent apporter une aide précieuse. Outre les produits les plus prescrits par le médecin de garde, il est utile d’étudier la rotation des produits sur une semaine avant de commander. L’approvisionnement à l’occasion d’une garde n’est pas le même selon la saison. En hiver, par exemple, les incontournables sont les antibiotiques, les médicaments ORL, les antalgiques, les sprays vasoconstricteurs et, en cas d’épidémie de gastro-entérite, les médicaments contre les vomissements et les diarrhées. En toute saison, ne pas oublier les anticoagulants injectables, les appareils d’orthopédie, les pilules du lendemain, mais aussi le lait pour bébé et les Stéribox. Il faut également penser aux médicaments pédiatriques, en plus des médicaments pour adultes. Attention, si un patient vient chercher un traitement antibiotique pour une longue durée, il est conseillé de ne pas lui délivrer la totalité des boîtes, sous peine de se retrouver en rupture si plusieurs patients demandent le même traitement. En cas de problème, le pharmacien dispose néanmoins d’un droit de substitution d’urgence, qui lui permet, avec l’aval du médecin, de remplacer un antibiotique par un autre, afin de garantir la continuité des soins lorsqu’il lui manque un des médicaments prescrits.

2. METTRE EN PLACE L’AFFICHAGE

Sur la vitrine, il convient d’afficher le planning des gardes, le numéro du commissariat et de la pharmacie de garde la plus proche et les numéros d’urgence. Il faut aussi afficher les informations sur la garde, en particulier les honoraires de garde appliqués aux ordonnances. Attention, ils ont été revalorisés récemment, il est donc nécessaire de les mettre à jour (voir encadré). Si la garde est réalisée à rideaux fermés, il faut vérifier que la sonnette soit bien visible ou penser à indiquer son emplacement et s’assurer qu’elle fonctionne correctement.

3. ORGANISER LA GARDE AU NIVEAU DU PERSONNEL

Pendant toute la durée de la garde, un pharmacien titulaire ou adjoint doit être présent. Attention, un préparateur n’est pas autorisé à assurer une garde seul. Toutefois, dans des officines de grande taille, il peut être amené à y participer en renfort du pharmacien. Il faut donc définir en amont qui va assurer la garde, préparer un planning et faire des roulements. Il faut en outre penser à la récupération des salariés : la personne qui a effectué la garde doit pouvoir bénéficier d’une journée de repos.

4. GÉRER L’AFFLUENCE

En cas de grosse épidémie, il est conseillé de renforcer son personnel. Il est également possible de doubler le service de garde, en demandant à un confrère d’ouvrir son officine également, même si cela n’était pas prévu. Les syndicats de pharmaciens peuvent s’occuper de gérer ces ajustements.

5. SE RENSEIGNER SUR LES MÉDECINS DE GARDE

Chaque médecin a des habitudes de prescription différentes. Il est donc utile de se renseigner avant la garde, sur le prescripteur qui travaille ce jour-là et de lui fournir les coordonnées, voire le plan d’accès de l’officine. Les médicaments les plus couramment prescrits par le médecin de garde détermineront le type de commande à passer au grossiste-répartiteur.

6. PRÉPARER LES DOCUMENTS ET NUMÉROS UTILES

Avant la garde, vérifier que l’on a bien sous la main tout le matériel permettant d’assurer une bonne dispensation des ordonnances : les bases de données informatiques, mais aussi le Vidal, le Dorosz et le Tarex, bien utiles en cas de panne des ordinateurs. Il est également nécessaire de disposer des numéros de téléphone importants et éventuellement des plans d’accès : SAMU, pompiers, hôpitaux les plus proches, spécialistes, infirmières, kinésithérapeutes, ophtalmologistes de garde, dentiste, Centre Antipoison, SOS-Mains, gendarmerie, commissariat. Enfin, il est utile de vérifier dans l’ordinateur que les tarifs de garde sont à jour.

7. GÉRER LES PATIENTS INHABITUELS

Lors des gardes, le public est souvent très différent des patients qui fréquentent l’officine habituellement. La population est plus nomade et, parfois, plus délicate à gérer. Une simple demande de lait infantile à laquelle on ne pourrait répondre peut dégénérer en conflit avec une maman affolée. En ce qui concerne les prescriptions, si l’ordonnance est à jour, aucun problème pour la délivrer. En revanche, si ce n’est pas le cas, il faut souvent calmer le patient et l’inviter à revenir ultérieurement, après consultation médicale, ce qui n’est pas toujours facile les week-ends ou les jours fériés. Pour des raisons de sécurité, les gardes peuvent s’effectuer à volets fermés. D’autres officines choisissent de mettre en place un sas ou un guichet de sécurité pour répondre à tout le monde. En zone rurale, il est fréquent que le public soit obligé d’appeler la police ou la gendarmerie, qui contacte alors le pharmacien pour le prévenir de l’arrivée d’un patient. Toutes ces solutions permettent de prévenir les risques liés à une garde de nuit, notamment en nuit profonde, quand la fréquentation est très faible.

Réalisé sur les conseils de Pierre-Xavier Frank, formateur à IFMO, et Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
› ANNE-GAËLLE MOULUN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2961