Les Ukrainiens n’ont pas les moyens militaires de déloger les milices qui envahissent les villes de l’Est et en prennent le contrôle. Les militaires loyalistes dépêchés vers les points chauds enregistrent des pertes et sont facilement repoussés. Une à une, les villes tombent aux mains des pro-Russes, ce qui va compliquer, peut-être même rendre impossibles les élections générales prévues pour le 25 mai. Poutine veut empêcher le scrutin parce qu’il sait que le ralliement d’une majorité d’Ukrainiens à la Russie n’est pas assuré. Beaucoup de pro-Russes commencent à s’inquiéter de la gravité de la crise et dénoncent les provocations auxquelles se livrent les milices. À aucun moment du conflit, qui dure depuis près de six mois, le président russe n’a tenté d’ouvrir une négociation avec ceux qui ont déposé l’ancien président Viktor Ianoukovich. Il a décrété qu’il s’agissait d’un coup d’État et leur nie toute légitimité. Mais rien de ce qu’il fait lui-même n’a le moindre rapport avec le droit, tout repose sur l’intimidation, et les brutes soigneusement choisies pour exécuter les basses besognes ne connaissent que l’usage de la force, quitte à pousser des cris de douleur quand l’un des leurs est tué, comme si leur camp était celui des victimes.
Quelques commentateurs s’interrogent sur le « mystère Poutine ». Il n’y en a pas et son dessein est transparent. Il refuse toute indépendance à l’Ukraine et veut en faire un protectorat russe. N’a-t-il pas déjà conquis la Crimée, sans coup férir ? Ses méthodes hypocrites et cyniques conduisent Européens et Américains à abandonner tout espoir de compromis. Ils ne contestaient pas l’influence russe en Ukraine, ils pensaient seulement qu’elle était compatible avec la souveraineté de ce pays. Aujourd’hui, devant la gravité de la menace brandie par un potentat qui retarde d’un siècle et veut régenter son pré-carré par la force, les Occidentaux ne sont plus disposés à lui proposer des concessions. C’est pourquoi ils ont annoncé un prêt important à l’Ukraine, pays exsangue, pratiquement en faillite. C’est pourquoi ils souhaitent que les forces ukrainiennes résistent aux manœuvres russes, en dépit du danger de guerre civile. C’est pourquoi ils adoptent des sanctions économiques contre la Russie.
Les Européens divisés.
Les Européens sont divisés sur les sanctions. Les Allemands, dont le commerce avec la Russie est important, sont hostiles au principe même des représailles. Les Américains, en revanche, appliquent des sanctions bancaires qui ont fait merveille avec L’Iran. Depuis le début de l’année, la fuite des capitaux russes devient alarmante pour le gouvernement de Poutine : plus de 60 milliards de dollars, autant que pendant toute l’année précédente. La croissance est faible, de l’ordre de 1,3 %, et pourrait tomber à zéro à cause des sanctions. En conséquence, Poutine ne reconquerra l’Ukraine qu’au prix d’une crise économique et financière en Russie même. Sa popularité, au zénith depuis que le nationalisme se répand chez ses concitoyens comme un incendie, en subira tôt ou tard les conséquences.
Mais Poutine est satisfait. Il l’est parce qu’il a rendu à la Russie le rôle d’empêcheur de tourner en rond qu’elle avait pendant la guerre froide. Elle est au centre de tous les calculs diplomatiques. Elle ouvre un champ de confrontation avec l’Union européenne et l’OTAN en menaçant l’Ukraine. En Syrie, elle est l’alliée objective de l’Iran et soutient Bachar El-Assad qui, après avoir fait tuer quelque 150 000 Syriens, est en passe de l’emporter contre les mouvements rebelles. Poutine est directement responsable des crimes contre l’humanité qui sont commis en Syrie, comme il va être responsable de chacune des victimes du conflit ukrainien.
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