SORTIRA ou sortira pas ? Le décret encadrant la préparation des doses à administrer (PDA) joue l’Arlésienne. Pourtant, depuis 2009, les pouvoirs publics affirment régulièrement que le texte est dans les tuyaux (voir encadré). En attendant, les officinaux qui pratiquent la PDA le font sans filet, même si beaucoup d’entre eux ont édité des règles de bonnes pratiques. Mais le débat pourrait bien être relancé prochainement. En effet, l’Académie nationale de pharmacie vient d’adresser un rapport complet sur le sujet à la Direction générale de la santé (DGS). « Le travail de l’Académie vise à démontrer la nécessaire évolution de l’acte pharmaceutique vers la préparation des doses à administrer qui représente un moyen d’améliorer le bon usage du médicament », résume Raphaël Moreau, président de la 5e section de l’Académie nationale de pharmacie et animateur du groupe de travail à l’origine du rapport.
Pour l’Académie, il devient urgent que la PDA soit réglementairement encadrée et que soient développées des bonnes pratiques appropriées. « Cette pratique s’est développée de façon empirique et parfois anarchique, compte tenu de l’absence d’interdiction, mais aussi de l’absence de régulation spécifique face à une demande importante et pressante », souligne l’instance, qui demande aux pouvoirs publics de publier au plus vite les textes attendus pour rationaliser et optimiser les pratiques déjà développées en pharmacie d’officine, notamment. D’autant que, pour l’Académie, cette PDA est de nature à diminuer les risques liés aux médicaments, mais concourt aussi à mieux employer les ressources publiques, aussi bien en Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), qu’en ville. « La préparation des doses à administrer constitue un enjeu majeur de santé publique pour les populations vulnérables notamment, faiblement encadrées, à domicile ou en établissement médico-social », explique-t-elle.
En effet, avec le vieillissement de la population, un nombre croissant de patients présentent une polypathologie et prennent donc un nombre important de médicaments. De même, on assiste à une augmentation du nombre de patients présentant des difficultés cognitives et des troubles de la mémoire à l’origine d’obstacles à l’observance de leur traitement. Pour l’Académie, il peut en résulter un mauvais usage du médicament avec des conséquences sur la qualité et l’espérance de vie du patient, et un surcoût significatif pour le système de protection sociale.
Au final, les auteurs du rapport plaident clairement pour un développement de la PDA pour les personnes fragilisées, sous la responsabilité du pharmacien. Dans ce contexte, ils recommandent aux officinaux « de déterminer collectivement les modèles et conditions professionnelles et conventionnelles de l’offre de PDA (...) avant de proposer ces services ambulatoires ». Mais aussi « de veiller à préserver une proximité géographique suffisante entre partenaires afin, notamment, de permettre un service de proximité, adapté et réactif ». Le rapport de l’Académie demande par ailleurs aux industriels de mettre à disposition du marché français, à l’instar par exemple du marché allemand, une gamme de dosages adaptés aux besoins spécifiques des patients très âgés notamment. Il les invite également à développer la production de présentations unitaires des médicaments afin de permettre aux pharmaciens dispensateurs et aux patients de disposer de doses unitaires, identifiables et traçables à l’échelle communautaire. Mais attention, cela n’a rien à voir avec la dispensation à l’unité prônée par Marisol Touraine. « Le projet de la ministre est que l’on donne la quantité exacte pour qu’il n’y ait pas de restes à l’origine de mésusages, explique Raphaël Moreau. Tandis que le rapport de l’Académie dit qu’il faut donner la bonne quantité à certains patients pour s’assurer de la bonne administration. » Et les académiciens appellent les prescripteurs à y participer. Ils préconisent en effet que les médecins contribuent à la mise en œuvre optimale du traitement médicamenteux par la mise à disposition du pharmacien, de toute information utile à la dispensation et à la préparation des doses à administrer.
Retrouver l’ensemble des recommandations sur le site de l’Académie de pharmacie : www.acadpharm.org.
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