Les anticoagulants à action directe (AOD) sont utilisés en prévention secondaire des thromboembolies veineuses, et en prévention primaire de l'AVC chez les patients atteints de fibrillation atriale non valvulaire. « L'ajout d'aspirine aux AOD est souvent approprié après une intervention pour un syndrome coronaire aigu, explique le Dr Jordan Schaefer du département de médecine interne de l'université du Michigan. Toutefois, beaucoup de patients cumulent anticoagulation orale et aspirine sans que ce soit nécessaire. Nos données semblent indiquer que les patients traités par AOD et aspirine aient un risque de saignement augmenté sans que le risque d'événement thromboembolique soit significativement réduit comparé à une monothérapie d'anticoagulant. »
Pour établir une balance bénéfices-risques, les chercheurs de l'université du Michigan ont monté une étude de cohorte sur 2 045 patients suivis entre 2009 et juin 2019, dont ils ont présenté les résultats en session orale lors du 61e congrès annuel de la société américaine d'hématologie (ASH). Les patients en prévention primaire après un remplacement de la valve aortique ou en prévention secondaire après un infarctus du myocarde ont été exclus de l'étude.
Des saignements majoritairement bénins
Environ un tiers des patients (647 patients) prenaient à la fois un AOD et de l'aspirine sans que ce soit indiqué. Au cours d'un suivi moyen de 15,2 mois, les auteurs ont dénombré significativement plus d'épisodes de saignement chez les patients sous bithérapie anticoagulation + aspirine (319 épisodes, soit 0,41 saignement par patient) que chez les patients sous monothérapie d'anticoagulant (261 épisodes, soit 0,33 par patient). Dans leur grande majorité, il s'agissait d'hémorragies bénignes : seules deux d’entre elles étaient fatales, toutes dans le groupe monothérapie.
En revanche, il n'y avait pas de différence significative entre les deux groupes en ce qui concerne le taux d'événements thrombotiques (AVC, thrombose veineuse, infarctus du myocarde) : 19 incidents dans le groupe sous anticoagulant et aspirine contre 18 dans le groupe sous monothérapie.
« Des études complémentaires seront nécessaires pour savoir si l'association warfarine (antivitamine K) et aspirine est plus sûre que l'association AOD et aspirine », estime le Dr Schaefer, qui s'interroge toutefois sur le type de message à tirer de ce type de données, et surtout à qui l'adresser : les médecins ou les patients ?
« L'aspirine est un médicament en vente libre, qui n'est pas considéré comme un médicament par une partie du grand public, explique le Dr Schaefer. Dans notre étude, nous ne savons pas dans quel contexte les patients ont pris de l'aspirine : est-ce sur conseil de leur médecin ? Était-ce spécifiquement en prévention cardio-vasculaire ? ».
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