POUR RELANCER la compétitivité de la France, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a dévoilé le 6 novembre son « pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi », inspiré du rapport Gallois, rendu public la veille. Il comprend trente-cinq mesures, dont certaines concernent de près les officinaux. C’est le cas de la décision d’alléger de 20 milliards d’euros sur trois ans les coûts des entreprises, par l’intermédiaire d’un crédit d’impôt portant sur les salaires compris entre un et 2,5 fois le SMIC. « Une bonne chose », selon Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui appelle cependant à la prudence. « La stratégie qui consiste à baisser les charges sociales et à les remplacer par d’autres impôts doit être parfaitement fléchée afin de s’assurer qu’ils alimentent bien les fonds destinés aux dépenses sociales. Il arrive parfois que les recettes se diluent. Cela s’est déjà produit, par exemple avec les taxes sur le tabac. Il ne s’agit pas de nous dire, au prochain PLFSS, que l’on manque de recettes ! » Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), se montre lui aussi vigilant. Si la mesure peut s’appliquer à l’officine, il attend de connaître le détail des calculs qui doivent permettre cet allégement de 20 milliards. « Cela peut effectivement avoir un effet positif sur les entreprises officinales, prévoit-il. Il restera à connaître les différences que cela impliquera selon que l’officine a un statut de structure individuelle, donc relevant d’un crédit d’impôt personnel, ou un statut de société, donc relevant d’un crédit d’impôt société. »
L’apprentissage revalorisé.
Gilles Bonnefond se félicite également de la volonté du gouvernement de revaloriser l’apprentissage, une mesure qui pourrait s’appliquer aux futurs préparateurs. « L’officine peut proposer 9 000 postes d’apprentis supplémentaires », indique-t-il. Il souligne cependant que « la formation des préparateurs doit évoluer et passer à trois ans au lieu de deux, avec la nécessité du maintien d’un système d’apprentissage ». Une mesure soutenue également par la FSPF, qui espère que la volonté gouvernementale « s’appliquera dans notre domaine et permettra d’éliminer les nombreux blocages que nous avons autour du brevet professionnel des préparateurs ». De même, Philippe Gaertner approuve la décision concernant la formation tout au long de la vie, qui prévoit la mise en place d’un compte individuel rattaché à la personne et non plus au statut. « Cette solution est intéressante pour les intermittents, les pharmaciens remplaçants, qui pourraient plus facilement se former lors de périodes entre deux emplois. »
Une hausse de la TVA.
En revanche, une autre mesure proposée par le Premier ministre inquiète les syndicats : l’évolution de la TVA au 1er janvier 2014. Le taux normal sera relevé de 19,6 à 20 % et le taux intermédiaire passera de 7 à 10 %, ce qui touchera les médicaments non remboursables. En parallèle, le taux minimal de TVA diminuera de 5,5 à 5 %. « En augmentant la TVA sur les médicaments non remboursables de 7 à 10 %, cela va créer des écarts de prix entre les médicaments de prescription, dont la TVA reste à 2,1 %, et les médicaments conseil, s’alarme Gilles Bonnefond. On risque d’inciter les patients à demander une prescription chez le médecin, et à se faire rembourser une consultation, au lieu de demander conseil au pharmacien. Par ailleurs, il n’est pas acceptable que les compléments alimentaires voient leur TVA abaissée à 5 %, si la TVA augmente sur les médicaments », juge-t-il. Pour lui, « les médicaments conseil doivent être considérés comme des produits de première nécessité et leur TVA doit être diminuée à 5 % ». Philippe Gaertner ne dit pas autre chose. « Nous avons toujours contesté le fait que les médicaments d’automédication ne soient pas considérés comme des produits de première nécessité, c’est une erreur manifeste de classification », souligne le président de la FSPF. Avec la précédente augmentation de 5,5 % à 7 %, « cela équivaut à une hausse de 100 %, qui va évidemment peser sur les ménages puisqu’il s’agit de produits indispensables, et nous craignons d’assister à des renonciations aux soins, explique-t-il. Nous en ferons la remarque de manière formelle et écrite au gouvernement ».
Un fonds de sauvetage.
Enfin, le président de l’USPO s’intéresse de près au fonds de 500 millions d’euros prévu par Jean-Marc Ayrault, pour les PME en difficulté. « Au rythme où nous allons, il faudra inclure les officines dans ce système d’aide, car 50 % d’entre elles ont des problèmes de trésorerie », souligne-t-il. Pour sa part, Philippe Gaertner s’inquiète de la mise en place de mesures qui pourraient être favorables à une activité et contre-productives pour une autre. « Par exemple, la lutte contre l’allongement des délais de paiement, dont l’objectif est louable, risque d’avoir un impact différent selon que l’entreprise se trouve en milieu ou en bout de chaîne, indique le président de la FSPF. C’est une mesure plutôt favorable à l’officine, mais il ne faut oublier personne. » C’est toute la complexité d’un tel plan, que la fédération accueille néanmoins favorablement. « Nous espérons que ces décisions permettent d’aider à résoudre la crise et qu’elles seront suffisantes, affirme Philippe Gaertner. Il faut en passer par là car, malgré tous les efforts consentis, on le voit dans le domaine de la santé, la crise et le chômage entraînent un déficit de cotisations pourtant nécessaires à la solidarité nationale. »
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