« JE N’AI qu’une passion, qu’une maîtresse, la France, Je couche avec elle. », disait Napoléon. Il a donc dû séduire l’État, dit Christian Delporte, qui est bien l’homme de la situation, étant spécialiste de l’histoire des médias et de la communication politique. En fait, ce sont les Français qu’il faut séduire, presque un par un, ce qui est légèrement différent.
L’auteur entreprend donc d’analyser comment, dans les temps anciens, souverains et autocrates cherchaient à plaire. On voit par exemple que le vaniteux Pompée organisait d’immenses jeux du cirque, alors que son rival César, peu bavard, se bornait à habiter dans un quartier populaire, ce qui contribuait de manière plus habile à sa popularité.
Parcourant la longue théorie des gouvernants, l’auteur montre le lien entre la beauté, la force de la libido et le pouvoir politique. Les rois usaient et abusaient de leur situation, multipliant les maîtresses. Cela est connu et ne s’inscrit pas exactement dans le droit fil de la démonstration. Louis XIV, chauve à 20 ans, le visage marqué de petite vérole, était laid. À 48 ans, atteint de goutte, il ne peut plus marcher. Sa séduction, attestée par certains tableaux, résulte surtout de l’ardeur courtisane.
L’avènement du suffrage universel et surtout la société du spectacle ont poussé devant tous les micros et caméras de la planète ceux qui prétendent nous gouverner. On s’en doute, Christian Delporte détaille les trucs et les ruses des charmeurs, beaux parleurs et dictateurs hypnotisant les foules.
Des foules obéissant sans le savoir aux lois établies par Gustave Le Bon au début du siècle précédent : plus sensibles aux émotions qu’aux discours rationnels, fournissant un lien idéal pour la propagation d’affects simples : vivas, huées, cris d’amour ou de haine.
...?D’amour pour John Fitzgerald Kennedy, dont l’auteur analyse finement le mythe qu’il véhicule. Conseiller en communication de Richard Nixon, William Gavin est, il est vrai, bien placé pour jauger les grandes qualités de celui qui le poussa dans les cordes au cours d’un débat historique. Kennedy était un prince, « net, beau, brillant, riche (...) ne forçant personne, mais entraînant tout le monde derrière lui ».
Légende.
Le plus important est l’organisation de la légende, le fameux storytelling d’aujourd’hui. JFK sera constamment filmé en famille, dans le décor ensoleillé et vivifiant de la Nouvelle-Angleterre, ou s’exerçant à tous les sports. Admirables fabrications pour un président déjà très malade et multipliant les infidélités.
Autre machine à rêves, Silvio Berlusconi. On a envie de rire aujourd’hui. C’est pourtant en construisant une fantasmagorie dorée qu’il arrive au pouvoir en 1994. Il clame son amour de l’Italie, se tricote une fausse biographie qui ressemble aux romans-photos que ses compatriotes aiment tant.
Ils ne sont pas tous beaux pourtant, nos héros politiques, et De Gaulle ne s’est jamais pris pour Robert Taylor, mais, tranche Christian Delporte, « le pouvoir rend beau », la séduction peut résulter du rôle et de sa symbolique historique. François Mitterrand a semblé plus séduire les Français vers la fin de sa vie, destitué de son côté « homme à femmes » gominé.
On a aussi le droit d’être un peu atterré. Le noble art de gouverner se ramène-t-il à un bel iris bleuté, une taille bien prise ? Mieux filmé, a-t-on dit, Nixon l’aurait emporté dans le débat télévisé… Mais l’ouvrage s’approfondit avec intelligence. Le vrai charme se moque du forcing de la séduction, les Français l’ont bien compris. Leur préféré, c’est toujours Simone Veil.
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