Le Quotidien du Pharmacien. – Les nouvelles missions de l'officine exigent de revoir l'organisation du travail de l'équipe : dans quelle mesure cette évolution du travail peut-elle transformer la relation adjoint/titulaire ?
Philippe Denry – Tout d'abord il faut préciser que ces nouvelles missions – entretiens AVK/asthme, bilan de médication, actes de vaccination… - font partie de l'activité d'un adjoint et ne font pas l'objet d'une rémunération particulière. En revanche, l'évolution de l'exercice officinal est une occasion pour le tandem adjoint/titulaire de générer plus d'échanges professionnels. Pour le dirigeant, c'est une opportunité pour déléguer l'exécution des nouvelles taches s'il ne veut pas ou ne peut pas s'y investir. On entend souvent les titulaires se plaindre de manquer de temps à l'officine mais il suffit qu'ils laissent l'adjoint qui le désire prendre en charge les plannings, organiser les rendez-vous, rencontrer les patients, pour retrouver un peu de souffle et se concentrer sur ses propres objectifs. Ce serait trop dommage de ne pas investir les nouvelles responsabilités qui s'offrent à nous dans le cadre de la loi HPST par simple manque de temps ! Bien sûr, le titulaire peut également décider de mener ces nouvelles missions conjointement avec l'adjoint. Il faudra alors mettre en place une répartition des taches consentie. Dans ce contexte, l'adjoint, bien que salarié, ne doit pas être dans l'attente des décisions prises par le titulaire. Bien au contraire, il doit exprimer sa volonté d'évoluer, préciser dans quelles missions il souhaite s'investir, être partie prenante du développement des actes de santé à l'officine. Pour lui, c'est tout un champ d'action qui s'ouvre sous l'impulsion des nouvelles missions. Il doit revendiquer, auprès du titulaire, la possibilité qui lui est donnée d'évoluer. Dans ce sens, on comprend bien que les relations du tandem officinal peuvent se transformer… Pour le meilleur car, quand on veut avancer ensemble, les liens se trouvent renforcés.
Le statut de l'adjoint est-il amené à évoluer à l'avenir ?
Non, l'adjoint demeurera un salarié au statut de cadre. L'évolution de l'exercice officinal a d'autres effets comme celui de lui offrir de nouvelles perspectives de positionnement. Son cadre de travail peut se transformer, il peut voir ses taches réorientées dans des domaines moins administratifs et plus centrés sur la santé, la prise en charge des patients. Pour les jeunes qui se lancent, c'est un attrait supplémentaire et indéniable de la profession.
En 2017, le décret précisant les modalités d'ouverture du capital d'une SEL (société d'exercice libéral) aux adjoints est paru : quelles conséquences sont à prévoir pour le tandem adjoint/titulaire ?
On a peu de retours sur cette expérience pour l'instant. Tout en restant salarié, l'adjoint peut posséder, en participation directe, un maximum de 10 % du capital d'une SEL dans laquelle il exerce à titre exclusif et ne peut détenir de participations indirectes dans plus de quatre SEL autres que celle dans laquelle il exerce. Ces nouvelles dispositions lui offrent la possibilité d'une plus grande responsabilité dans le fonctionnement de sa structure de travail tout en préservant son statut de salarié ce qui est sécurisant. Elles impliquent aussi une réflexion de sa part afin de savoir comment il veut se positionner vis-à-vis de son officine et dans quelle mesure il veut s'y investir financièrement. Si tel est le cas, cette opération peut constituer un bon tremplin pour qui veut succéder à son titulaire ou s'y associer !
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