Un projet qui fait polémique en Italie

Payer ses factures dans les officines

Par

Publié le 27/10/2016

Article réservé aux abonnés

Le syndicat des pharmaciens italiens propose aux titulaires d’officines d’encaisser les paiements des factures de gaz et d’électricité de ses clients. Une solution révolutionnaire selon le syndicat ; une honte pour certains pharmaciens qui parlent de pertes irrémédiables en termes d’image.

Baisse des revenus, augmentation de la concurrence, consommateurs rendus frileux par la crise. Pour les pharmaciens italiens la multiplication des services est désormais perçue comme l’unique planche de salut.

Après avoir élargi leur palette il y a cinq ans en introduisant les examens de routines en pharmacie (contrôles de la tension artérielle, taux de glycémie et prises de rendez-vous pour des analyses plus poussées…), les officines s’apprêtent à ajouter une nouvelle corde à leur arc. L’idée est de proposer aux consommateurs italiens de payer leurs factures de gaz, d’électricité, de téléphones et même leurs amendes dans les pharmacies. Un accord a été étudié avec la banque d’investissements Igea et le groupe florentin Bassilichi, spécialisé dans les solutions de paiement et d’encaissement en ligne. « L’idée est de rendre service à la communauté et de faciliter la vie du consommateur », estime Gioacchino Nicolosi, numéro deux de Federfarma, la fédération des syndicats de pharmaciens italiens.

Si la direction de la Fédération défend son projet en affirmant qu’il s’inscrit dans un tournant inévitable pour les officines, de nombreux pharmaciens en revanche évoquent une dérive inacceptable. « Nous faisons partie du monde de la santé. Notre rôle n’est pas de jouer les intermédiaires entre les fournisseurs de réseaux, les consommateurs et les banques, mais d’être un lien entre la population médicale et les patients », s'insurge Paolo Pagano. Ce pharmacien, titulaire d’une officine située à quelques mètres du Colysée, déplore déjà le fait que, pour contourner la crise, il a fallu élargir la vente de cosmétiques et de « produits étudiés au départ pour les étalages de supermarchés ».

Reste que l’idée des paiements de facture en officine n’est pas neuve, un ballon d’essai ayant été lancé à Venise en février 2011. Mais, visiblement, l’idée n’a pas séduit les Vénitiens, la pharmacie ayant rapidement décidé de mettre un terme à cette expérience qualifiée à l’époque de révolutionnaire par la presse économique locale.

Ariel F. Dumont