EN ATTAQUANT la gauche, le président de la République n’ignorait pas que ses déclarations seraient violemment critiquées par ses principaux représentants dès vendredi matin sur toutes les ondes et, le soir encore, sous la forme d’un entretien télévisé avec François Hollande. Le chef de l’État a refusé de dire si oui ou non il serait candidat. Il a indiqué qu’il prendrait sa décision en janvier ou février et il a insisté, comme d’habitude, sur son devoir de travailler en tant que président et non d’entrer dès maintenant dans le combat électoral. Sa charge contre les socialistes, historiquement responsables, selon lui, de l’affaiblissement économique de la France et de son endettement insupportable, relevait plus cependant de la querelle intérieure que de l’action d’un président.
Mais M. Sarkozy a utilisé des arguments convaincants. Il est indéniable que la France, rassurée par la bonne croissance des années Jospin (1997-2002), a adopté la semaine des 35 heures au moment précis où l’Allemagne de Gerhard Schroeder se livrait à une réforme économique et sociale dont les effets ont été salutaires lors de la grande crise de 2008. Blindée contre cette crise, l’Allemagne réalise d’énormes excédents commerciaux quand notre commerce extérieur perd 60 milliards par an. Nous avons très imprudemment, et au nom de l’idéologie de la répartition, alourdi notre système social au point que nous ne pouvons plus le financer que par l’emprunt. Dans un pays accablé d’impôts, une retraite sur dix est payée par l’accroissement de la dette et la réforme des retraites est toujours rejetée par la plus grande partie de la population.
M. Sarkozy est au nombre des dirigeants européens qui peuvent se targuer aujourd’hui d’avoir tiré l’Europe en général et singulièrement la France, d’un très mauvais pas. Il ne s’agit toutefois que d’un répit. À telle enseigne que, la croissance n’étant pas au rendez-vous en 2012, il faudra de nouveau accroître la pression fiscale (par la création d’un taux dit intermédiaire de TVA) afin de récupérer quelque 6 à 8 milliards de recettes budgétaires. Le gouvernement semble obsédé par le triple A que lui accordent les agences mondiales de notation. Moody’s ayant placé notre pays sous surveillance dans la perspective, à trois mois, de l’abaissement de notre AAA, M. Sarkozy a un objectif prioritaire : conserver cette note pour ne pas devoir emprunter à des taux plus élevés. Nous sommes dans un cercle vicieux : il nous faudrait une croissance deux à trois fois plus élevée pour éviter d’emprunter et, lorsque nous empruntons, nous ne contribuons guère à la croissance.
La crise balaie le débat politique.
Il demeure que tout espoir économique et social passe par un assainissement de nos finances. Il ne s’agit pas d’éponger 1 700 milliards de dettes en un tournemain mais de rétablir l’équilibre budgétaire pour montrer que nous cesserons, en 2013 ou 2014, d’emprunter. Cela suffira à calmer les marchés, à limiter la part budgétaire consacrée au remboursement des intérêts de la dette, à obtenir la confiance des acteurs financiers. La crise est si grave, la perte de richesse qu’elle a engendrée est si grande, l’interdépendance des économies est si étroite que les manœuvres politiques déclenchées depuis des mois par la perspective des élections générales en 2012 en deviennent dérisoires. M. Sarkozy a conduit ses négociations européennes avec autorité, même s’il a dû céder aux principales d’exigences de l’Allemagne sur l’effacement d’une partie de la dette grecque et sur le plafond de 1 000 milliards qu’elle a fixé au Fonds de soutien européen (FSFE). Il n’est pas impossible qu’un président François Hollande eût négocié aussi bien. Mais la politique n’a rien à voir avec une crise de la dette souveraine qui réclame uniquement des compétence techniques. Il n’est pas difficile de faire le procès de M. Sarkozy, depuis les diminutions d’impôts qu’il a accordées au début de son mandat jusqu’à son recours massif à l’emprunt pour remédier aux terribles effets sociaux que la crise aurait eus en France sans ce remède. Mais, de son côté, M. Hollande a déjà annoncé de lourdes dépenses alors qu’il n’a pas le premier euro pour les financer.
Depuis les élections de 2007, les Français réclament plus de dépenses sociales, ils rejettent la réforme des retraites et le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Avec la crise de la dette, ils commencent à comprendre que leur pays ne peut plus dépenser de cette manière. La seule chance de M. Sarkozy, dont l’entretien télévisé a été regardé par 12 millions de Français, c’est que ses concitoyens finissent par le croire.
Nicolas Sarkozy jeudi soir à la télévision
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