Ce n'est là que l'une des contradictions contenues dans le discours de politique générale prononcé par Édouard Philippe. Certes, ses choix sont éminemment politiques. La majorité, sortie indemne du scrutin européen, constate qu'elle perd des suffrages à gauche et qu'elle en prend à droite. Elle souhaite équilibrer ses effectifs, être vraiment le parti du en même temps. Aussitôt, voilà l'exécutif engagé dans une sorte de course à la diminution de la pression fiscale, sans doute pour complaire à cette partie de l'électorat qui s'identifie à la gauche. Il s'agit donc de préserver ce qui est censé faire la force de la République en marche, la diversité de ses élus et de ses électeurs.
Mais il existe un nom pour chaque objet et, bien sûr, pour chaque couleur. Exclure les plus aisés d'une suppression de taxe universelle n'est pas de nature égalitaire. Les messages envoyés par l'exécutif à la gauche et aux écologistes, ceux avec qui la REM peut envisager un jour une alliance, doivent être soutenus par des actes, eux-mêmes constituant un programme. Il faut déjà que le gouvernement démontre sa sincérité en recrutant des ministres aux convictions opposées ; il faut aussi qu'il ait les moyens de conduire à leur terme les politiques annoncées, car personne ne croit aux bonnes raisons de ne pas faire ce qui a été promis.
Cependant, les difficultés du pouvoir seront moins politiques que financières. On ne voit pas ce qu'il y aurait d'incongru dans une alliance avec EELV, on voit parfaitement que l'exécutif n'a aucune réserve pour financer ses largesses. M. Le Maire explique en filigrane qu'il ne peut pas tout faire, c'est-à-dire diminuer infiniment tous les impôts, mais il place ses espoirs dans les privatisations. On sait deux choses à leur sujet : c'est d'une part que le public est hostile à la vente d'Aéroports de Paris et d'autre part que les sommes qu'elles rapportent ne sont pas comparables aux dépenses prévues, surtout si l'on défalque le montant des dividendes que l'État ne pourra plus percevoir après la vente.
Chercher le civisme là où il n'est pas
En outre, si l'intention de M. Macron est d'apaiser les gilets jaunes, qui feignent de considérer les baisses d'impôts comme une obole, il n'est pas sûr de réussir. Déjà, il n'y a plus que 43 % des ménages français qui paient l'impôt sur le revenu. Avec l'annonce d'Édouard Philippe, le taux sera encore inférieur et bientôt seuls les plus aisés le paieront. Autre situation inégalitaire à éviter à tout prix. D'aucuns suggèrent au contraire que l'IR soit payé par tous les foyers, fût-ce de manière symbolique pour les plus pauvres. C'est aller chercher le civisme là où il n'est pas car les pauvres comme les riches paient tous des impôts indirects.
La tentation est grande, pour ce pouvoir soudain voué à aider les plus démunis, de les exonérer des contributions indirectes. On avait même pensé à diminuer la TVA d'un ou deux points, on pense à abaisser encore le taux de la CSG ; et arrivera un jour où ne paieront des impôts et des taxes que les gens qui gagnent plus de 3 000 euros par mois et sur les épaules desquels pèseront l'hôpital, l'école, l'armée, les routes et le reste. On ferait peut-être mieux de se demander si les salaires sont équitables et si les Français sont rémunérés à la hauteur de leur travail et de sa qualité. Il est d'ailleurs curieux que les gilets jaunes, loin de demander des augmentations, se soient plaints surtout des taxes et notamment cellent qui pèsent sur les carburants. C'est une sorte de vision de la vie en vertu de laquelle les salaires seraient nécessairement corrects mais les taxes insupportables. Vous me direz que cela revient au même et que l'employeur ne regarde que le prix global d'un salarié. Mais il ne serait pas inutile qu'il finisse par considérer que c'est une chance pour lui de pouvoir embaucher un salarié, car il ne ferait plus rien s'il n'en trouvait pas.
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