Tourisme - Les secrets de la sylvothérapie

Offrez-vous un bain de chlorophylle !

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Publié le 17/12/2018
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Marcher dans la forêt et découvrir les bienfaits des arbres. C’est la promesse de la sylvothérapie. Pour en savoir plus, rien de mieux que d’expérimenter un bain de chlorophylle. Nous vous emmenons pour un plongeon dans la forêt automnale au cœur de la réserve naturelle du Roc de Chère qui domine le lac d’Annecy, avec Camille Courbion, accompagnatrice en forêt.
Sylvothérapie

Sylvothérapie
Crédit photo : FRV

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Née au Japon dans les années 1980, cette pratique appelée shinrin yoku, serait parée de vertus pour améliorer la santé et la qualité de vie.

Shinrin voulant dire « forêt » et yoku signifiant ce qui enveloppe, comme un bain. « L’essence du bain de forêt, c’est de se reconnecter à soi et à l’environnement. C’est un retour à la Mère Nature. Ici, il n’y a pas de Wifi, mais la connexion avec nos cinq sens est bien meilleure », lance d'emblée Camille Courbion. Message reçu ! Il faut d’abord débrancher pour s’immerger pleinement.

Des vertus apaisantes et énergisantes

Ces arbres, que nous remarquons à peine et connaissons si peu dans nos vies urbaines, détiendraient des vertus apaisantes et énergisantes. « Le hêtre améliore le sommeil, le pin sylvestre est bénéfique pour le système respiratoire, le châtaignier favorise la clarté mentale, le chêne est un symbole de force et de vigueur, le peuplier tremble est capable de se plier sans casser », assure Camille. Reste à capter les vertus de la forêt et à s’imprégner de tous les effets bénéfiques qu’elle porte en elle.

Spontanément, en marchant dans les sous-bois, notre corps et notre esprit ralentissent. La pression artérielle baisse. Loin de l’agitation, notre attention se focalise sur nos sensations. « Le bruit des feuilles, le chant des oiseaux, les branches qui craquent, l’odeur boisée de la mousse, du lichen, des champignons, la texture terreuse du sol, la lumière changeante, tous les sens sont en éveil, souligne Camille, et rien n’empêche de retirer ses chaussures pour quelques pas, pieds nus. C’est même un bon exercice d’ancrage. » Au contact direct de la terre et de ses ions négatifs, on se déchargerait des mauvaises ondes. « On dépose son fardeau pour puiser des forces, comme les arbres le font avec leurs racines. Les enfants ont spontanément cette connexion avec leurs sens archaïques lorsqu’ils s’amusent à se rouler dans l’herbe. »

Les spécialistes affirment que le bain de forêt aurait des effets biologiques et thérapeutiques : baisse de la pression artérielle, chute du cortisol (l’hormone du stress) et activation des cellules NK (natural killer) impliquées dans la destruction des cellules cancéreuses. L’autre action positive de la forêt proviendrait des phytoncides que les arbres diffusent dans l’air pour se défendre contre les parasites. En suspension dans l’atmosphère, les phytoncides pénètrent par les voies respiratoires et par la peau. Ces molécules antistress seraient capables de renforcer le système immunitaire et de stabiliser le système nerveux. Pour un shoot naturel de bien-être, « frottez dans vos mains des aiguilles de pin et respirez cette délicieuse odeur ! » suggère Camille. Les ions négatifs, dont la forêt est chargée, seraient également des vecteurs de bien-être. À chaque respiration, les cellules de notre corps s’infusent de ces microparticules bienfaisantes. C’est la chimie de la forêt.

Un lieu de sérénité

Tout au long du parcours, Camille propose des ateliers qui mêlent méditation, découvertes botaniques et expériences sensorielles, dans un cadre enchanteur et poétique. Contrairement aux fables et aux contes, la forêt est un lieu de sécurité et de sérénité : « Ici, on ne poursuit aucun objectif, aucun résultat. Il n’y a pas d’exigences. Dans ce cocon humide et protecteur, on lâche ses préoccupations pour s’ouvrir aux trésors que la nature apporte. On s’émerveille des gouttes d’eau qui perlent sur une feuille. »

Marcher, observer, sentir, tendre l’oreille, respirer et se délester. L’instant présent prend le pas sur le reste. Si la forêt semble immobile, elle est en fait en perpétuel mouvement. « Les arbres, majestueusement plantés, ne peuvent pas fuir. Pour vivre et s’épanouir, ils déploient une multitude de stratégies et d’adaptations naturelles. Par exemple, certains arbres laissent entre eux un espace appelé fente de timidité, notamment au niveau des branches. Cette distance respectable permet ainsi au soleil de percer la canopée et de mieux pénétrer la végétation. C’est une belle leçon d’adversité et d’humilité », explique Camille.

Après quatre heures d’exploration et de déconnexion, le bain de forêt s’achève par une pause thé depuis un belvédère qui surplombe le lac d’Annecy, aux couleurs translucides. Encore un instant contemplatif. Une vue à couper le souffle. L’esprit est nettoyé et ressourcé.

Fabienne Rizos-Vignal
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3482