AVEC LA TVA SOCIALE et une série d’autres dispositions fiscales, Nicolas Sarkozy ne ménage pas plus le contribuable que François Hollande. Le débat aurait dû porter sur le sujet suivant : peut-on augmenter les impôts à l’infini ? Il se réduit à des accusations réciproques. La gauche : vous taxez les pauvres, nous taxons les riches. La droite : vous désespérez l’investissement et renoncez à la croissance. La gauche : j’augmente le nombre d’enseignants. La droite : j’augmente leur salaire. La gauche : je révise le traité européen, le Mécanisme européen de stabilité, je diminue la part du nucléaire dans la production d’énergie, j’abolis la TVA sociale, j’exige des riches un réflexe patriotique. La droite : je ne fais rien de tout ça.
L’effondrement de la candidature d’Eva Joly s’accompagne simultanément d’une négligence soudaine de tous les camps pour l’écologie politique. La stagnation de Marine Le Pen dans les enquêtes d’opinion coïncide avec un très long silence sur les banlieues, l’immigration, l’insécurité. L’étiage (à 11 %) de François Bayrou semble supprimer toute alternative au libéralisme de M. Sarkozy ou à la sévérité dirigiste de M. Hollande. On court après l’électeur le plus proche, celui de son camp ou celui du camp adverse, par exemple l’enseignant, lequel ne dira jamais qu’il est séduit par une hausse de salaire mais pourrait voter pour son intérêt personnel.
La crise de la dette, étrangement, a déserté la France. Elle se règle à Bruxelles, à Berlin ou à Francfort. Le problème grec semble résolu, mais on n’en est pas sûr. La Banque centrale européenne a accordé en trois mois aux banques privées euroopéennes un total de 1 000 milliards d’euros pour trois ans au taux privilégié de 1 %, comme si son président, Mario Draghi, dont Angela Merkel a toujours vigoureusement répété qu’il était indépendant, l’avait prise au mot et estimé que cette indépendance l’autorisait à pratiquer la politique de crédit dont les Allemands ne voulaient pas ou feignaient de ne pas vouloir. C’est là que se joue le sort de l’euro et de l’Europe. C’est de Francfort et de Bruxelles, capitales honnies par la gauche et par la droite extrêmes, que vient l’apaisement, peut-être apparent, peut-être provisoire, de la tourmente qui nous a balayés l’an dernier. C’est l’Italie qui, avec l’autre Mario (Monti), est en train de mettre de l’ordre dans ses affaires avec une rapidité qui impressionne les autres pays européens.
Hollande durcit sa campagne.
On peut certes associer le président sortant à ces progrès qui ne sont pas du tout négligeables et constater que la résistance de François Hollande au « merkozysme » le conduit à remettre en cause des décisions pourtant profitables à la France. Pourquoi le candidat socialiste a-t-il, ces derniers jours, durci sa campagne alors qu’il rassemblerait encore plus de monde s’il acceptait le principe de la continuité de l’État et s’il avalisait des accords européens qui, à beaucoup de gens, paraissent raisonnables ? Craint-il la montée en puissance de Jean-Luc Mélenchon (9 %) ? Se croit-il obligé de ne reconnaître aucun mérite à un Sarkozy qu’il diabolise ? Douterait-il de lui-même en dépit de la certitude de vaincre qu’il affiche, non sans quelque raison ?
Ses conseillers disent de M. Hollande qu’il écoute tout le monde avant de se prononcer. Il a quand même évoqué la suppression du quotient familial avant de se contenter d’un aménagement ; il va augmenter l’impôt sur le revenu de façon considérable en soumettant les revenus du capital à la fiscalité des revenus du travail, assimilant ainsi l’épargnant et le capitaliste ; il a un projet d’embauche dans l’Éducation nationale qui risque de coûter très cher à long terme s’il ne supprime pas un nombre correspondant de postes dans la fonction publique, mais peut-il en supprimer quand il annonce un recrutement supplémentaire de policiers, de magistrats et de personnels hospitaliers ? M. Hollande doit rendre l’espoir à ses concitoyens en une période de crise où tout président est censé faire des économies. Il a donc oblitéré la crise. M. Sarkozy doit trouver les électeurs qui lui manquent en chassant sur les terres de tous les autres candidats. Il annonce lui aussi quelques dépenses nouvelles tout en augmentant la fiscalité générale. C’est une campagne pleine de messages pour les micro-électorats, mais dépourvue de vision générale.
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