C’EST LA CRISE qui, en partie, a porté M. Obama au pouvoir. C’est donc à lui de la résoudre. En dépit des attentes immenses qu’il soulève dans le monde, le nouveau président a déclaré que le redressement de l’économie américaine et la création de millions d’emplois demeure à ses yeux la première des priorités. On a déjà reproché à Barack Obama de ne pas intervenir dans la marche des affaires pendant la période de transition ; l’opinion, américaine ou mondiale, est tellement impatiente qu’elle fait bon marché des dispositions constitutionnelles. À plusieurs reprises, M. Obama a été contraint de rappeler qu’il n’y a jamais qu’un président en exercice. En revanche, il a constitué non seulement son cabinet, mais son entourage plus large. Il commence à gouverner aujourd’hui avec un dispositif complètement au point.
Le choix de ses ministres et des acteurs essentiels du pouvoir exécutif a donné, comme il se doit, à des controverses. S’il existe une gauche de la gauche aux États-Unis, elle ne cache pas sa frustration. La nomination de personnalités juives à des postes-clefs a donné lieu à des commentaires intolérants dans les milieux extrémistes, noirs et blancs. Mais ce n’est pas un hasard : M. Obama veut auprès de lui des gens compétents et ils se moquent bien de leurs origines s’il estime qu’ils font l’affaire. Il na pas constitué un gouvernement à majorité noire.
Dans une veine plus rationnelle, de nombreux démocrates s’étonnent de ce que le gros des troupes obamistes vienne des anciens collaborateurs de Bill Clinton, l’ancien président que Barack Obama a combattu pendant la campagne électorale parce qu’Hillary Clinton était sa rivale. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le nouveau président ne se laisse pas dicter son comportement par ses émotions. Il est probablement le président le plus « cool » de l’histoire du pays.
Par rapport au programme qu’il avait énoncé pendant la campagne, il va devoir aller plus lentement que prévu : il a déjà annoncé que l’évacuation de la prison de Guantanamo, qui sera un des grands symboles de son action, prendra du temps. (On ne sait pas où envoyer les détenus, car personne n’en veut). Il a refusé de condamner l’offensive israélienne à Gaza, ne serait-ce que parce que George Bush l’approuve. Et rien ne dit d’ailleurs que, lorsqu’il s’emparera du dossier israélo-palestinien, il tombera dans les bras du Hamas, comme l’y encouragent tous ceux qui, en Europe, estiment que le Hamas doit être reconnu avant même qu’il ait renoncé à la violence.
Trois millions d’emplois à créer.
De la même manière, on sait qu’il va s’accommoder du calendrier d’évacuation de l’Irak que M. Bush a adopté avec le gouvernement irakien (fin 2011) ; qu’il augmentera très certainement les effectifs américains en Afghanistan ; et que, s’il est prêt à négocier avec l’Iran, il n’entend pas baisser la garde américaine. Toutes options qui ne sont pas, en définitive, très différentes de celles du Bush actuel, qui est devenu multilatéraliste, ne tient pas à ce que les soldats américains restentent en Irak et aurait empêché Israël de bombarder l’Iran à la fin de l’année dernière.
L’action du cabinet Obama contre la crise économique et financière ne sera pas différente de celle de M. Bush, sinon qu’elle sera encore plus coûteuse. M. Obama veut créer plus de trois millions d’emplois en 2009 (les États-Unis en ont perdu 2 millions et demi en 2008) et, pour ce tour de force, il lui faut énormément d’argent. Étant entendu que la précédente administration a déjà dépensé pas moins de mille milliards de dollars pour renflouer le système financier (lequel pourrait coûter un autre millier de milliards cette année), il n’est pas impossible que M. Obama doive dépenser encore mille milliards (il a annoncé 700 milliards) pour lancer son plan de grands travaux (créateur d’emplois mieux payés que dans les services) et pour réduire de 1 000 dollars par personne les impôts que paient 95 % des Américains.
Ce faisant, il porterait le déficit budgétaire à 10 % ou plus du produit intérieur brut, alors que la dette accumulée par les États-Unis représente déjà plus d’une demi-année de production nationale. On notera que, dans ce domaine encore, il n’existe aucune divergence entre Bush et Obama qui, tous deux, soignent la crise de la dette par une très vive hausse de la dette. Cela ne semble pas rationnel, mais tous les gouvernement se sont ralliés à ce principe.
La différence entre Bush et Obama s’inscrira dans le temps : le nouveau président va d’abord rétablir la légalité républicaine allègrement bafouée par quelques lois de Bush ; ce sera un acte majeur, propre à rétablir la crédibilité démocratique des États-Unis ; il va tenter d’engager ses dépenses de relance dans un cadre écologique, ce qui serait le premier effort du genre ; enfin, il va classiquement mettre un peu d’argent dans l’argent de la classe pauvre et de la classe moyenne, qui sont à bout.
On serait peu inspiré si on jugeait le président Obama sur ses premiers actes. Heureusement, il restera de marbre face à toute critique prématurée. Il a besoin de temps, il faut lui en donner.
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