La pharmacie, une activité rentable ? À coup sûr, répondent en chœur la quasi-totalité des Français (92 %). Pas si sûr, corrigent les pharmaciens à 44 % (« pas du tout » ou « plutôt pas »). Le premier baromètre réalisé par l'Institut Odoxa pour l'OCP, en partenariat avec « le Quotidien du pharmacien » et RMC, offre une analyse originale : les regards croisés du public et des pharmaciens sur la santé de l'officine en général et les nouveaux services en particulier. Premier constat, donc : si les clients ont confiance dans l'avenir économique du réseau officinal, il en va tout autrement côté pharmaciens. Selon le sondage réalisé par Odoxa, 94 % des officinaux pensent que la situation économique de leur profession va se détériorer, et 64 % d'entre eux estiment même qu'ils n'atteindront pas leurs objectifs financiers cette année. Leurs besoins de financement d'exploitation (trésorerie, escompte…) dépassent sensiblement ceux destinés au développement de leur entreprise (35 % contre 23 %). Plus globalement, les politiques durables de baisses de prix, la maîtrise médicalisée et les restrictions de volumes de prescriptions semblent installer les professionnels dans le pessimisme.
Le salut par les nouveaux services ?
Ce contexte morose pour le réseau n'empêche pourtant pas les esprits de bouillonner et d'imaginer des voies de sortie et de développement pour l'officine. La vaccination par les pharmaciens, la PDA ou encore l'offre digitale sont quelques-unes de ces pistes. Savoir, parmi ces nouveaux services proposés par certaines pharmacies, lesquels sont les plus attendus par les clients et privilégiés par les titulaires, tel était justement l'objectif visé par ce premier baromètre. À cet égard, ses résultats sont édifiants. Globalement, tandis que 53 % des pharmaciens estiment que leur offre a significativement changé ces dernières années, ces évolutions semblent moins perceptibles du point de vue de leurs clients. Plus de la moitié des Français jugent en effet l'offre pharmaceutique inchangée (55 %). Mais ne nous y trompons pas, le modeste ressenti des clients est sans doute lié au choix des services envisagés encore peu, voire pas développés par les pharmaciens, interprète Céline Bracq, Directrice générale d'Odoxa. L'étude montre en effet que l'enthousiasme des Français pour les nouveaux services, notamment via les outils digitaux, est au contraire manifeste.
De leur côté, les pharmaciens proposent encore rarement un service de commande en ligne de médicaments sur le site de l'officine ou par le biais d'une application dédiée. Et c'est bien dommage ! Car les patients seraient conquis à 67 % par une offre du type « click and collect » et à 59 % par un service de commande en ligne avec livraison à domicile. À bon entendeur…
Encore plus contrastés sont les avis des pharmaciens et de leurs clients sur le projet de vente à l'unité des médicaments. Une mesure qui figurait dans le programme de campagne d'Emmanuel Macron mais qui n'a pas été retenue dans le PLFSS pour 2018. Avec 83 % de convaincus, la délivrance à l'unité est carrément plébiscitée par les Français… mais rejetée avec une unanimité encore plus nette (91 %) par les officinaux. En revanche, la préparation des doses à administrer (PDA), portée par le solide argument de l'observance, emporte l'adhésion des Français (55 %) comme celle des pharmaciens (53 %).
Oui à la vaccination à l'officine
Quant à se faire vacciner à l'officine, les clients semblent déjà prêts, alors même que la procédure vient à peine d'amorcer sa phase expérimentale. À la question « si vous devez vous faire vacciner contre la grippe, choisirez-vous de vous faire vacciner par un pharmacien ? », un Français sur deux répond déjà par l'affirmative. Une déclaration d'intention qui ne devrait pas créer de bousculade dans les officines, puisque déjà près de 3 titulaires sur 4 se disent prêts à brandir les seringues… dès que cela sera possible.
Au total, les nouveaux services semblent diversement perçus par les Français qui ont pourtant des attentes très précises quant à l'offre digitale, la PDA ou la vaccination en cours de développement dans leurs pharmacies. À en croire les résultats de ce premier baromètre, pour sortir du piège des mesures restrictives sur le médicament, les titulaires auraient tout intérêt à mieux écouter les besoins de leurs patients, pour mieux les satisfaire.
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