LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Quelle doit être, selon, vous, la place du pharmacien dans le système de santé français ?
LE FDG POUR JEAN-LUC MÉLENCHON. - Le réseau d’officine est une des grandes chances de notre pays. Le gouvernement, pour complaire aux multinationales du grand commerce, a décidé de le fragiliser. Nous voulons le conforter et l’étendre, dans le cadre d’une nouvelle politique du médicament. Pour nous, les pharmaciens peuvent et doivent être de formidables vecteurs d’un système sanitaire démocratisé.
Par ailleurs, il serait opportun de rappeler que pour notre part, nous sommes favorables à l’expérimentation à grande échelle des offices à usage interne dans les EHPAD et officines « mobiles » pour faire que tous les patients, y compris les plus éloignés, puissent bénéficier de l’accès aux médicaments qui leur sont utiles.
Êtes-vous favorable au maintien du monopole de la vente des médicaments en pharmacie d’officine ?
Nous n’avons jamais été favorables, à l’introduction de la vente des médicaments dans les grandes surfaces. L’accès à la santé est un bien commun. Le médicament fait partie intégrante de l’offre de soins, l’ensemble du processus conduisant de la recherche à la mise à disposition des médicaments et vaccins aux malades doit répondre à cette exigence. C’est pourquoi nous faisons de la sortie du médicament du marché, un de nos principaux objectifs.
La situation de la France est particulière et originale en Europe, à propos du médicament, de sa distribution via les pharmacies et de son système de protection sociale. Nous devons conforter le rôle et la place originale en France des pharmaciens avec des obligations de services publics et un diplôme spécifique. Cette notion de pharmacien responsable est propre à la législation française.
Êtes-vous pour ou contre la vente de médicaments sur Internet ?
Il nous semble qu’en répondant aux deux premières questions, il en découle la troisième : non, le médicament n’est pas une marchandise, et oui, il ne peut être délivré que sur la base d’une relation avec son pharmacien qui prodigue conseil et accompagnement. Nous ne pensons pas que l’Internet réponde à ces objectifs de santé publique.
Comment comptez-vous résoudre le problème des déserts médicaux ?
Pour faire face à la pénurie des médecins généralistes et de certaines spécialités, le nombre d’étudiants à l’entrée des études de médecine sera augmenté de manière significative dans la perspective de la suppression du numerus clausus.
Résoudre la pénurie ne suffira pas à régler le problème des déserts médicaux. Il faut traiter la question de leur répartition sur le territoire national. Nous prendrons des mesures incitatives fortes. En effet, les médecins dits libéraux, sont en réalité la seule profession médicale à voir leurs honoraires garantis. Ils bénéficient par ailleurs, au titre de la convention, d’avantages sociaux importants. Ces derniers, ainsi que le droit à l’inscription en secteur 1 doivent être conditionnés à la réalisation d’une période d’activité dans des territoires sous denses.
Si vous êtes élu, quelle sera votre politique du médicament ?
L’industrie pharmaceutique a une position paradoxale aujourd’hui dans notre pays. Les besoins de la population entrent en contradiction fondamentale avec la logique de marché financier et concurrentiel actuel.
Une autre politique du médicament est indispensable en France, en Europe et dans le monde, établie sur des bases nouvelles : nous avons besoin d’une industrie qui ne spécule pas sur la misère du monde mais qui s’attache à faire progresser la santé. La propriété des brevets, si elle permet de valoriser la recherche, ne peut pas être opposée à la vie. Les intérêts majeurs des populations doivent être pris en compte. Une grande politique de recherche fondamentale doit être mise en œuvre pour alimenter ensuite une recherche appliquée.
L’emploi, l’investissement, la coopération doivent être des objectifs majeurs. Ils doivent être développés pour investir socialement.
C’est le sens de notre proposition, d’un pôle public du médicament, qui permet de reconnaître la finalité sociale de l’industrie pharmaceutique, en mettant en place un service public de la recherche, du médicament et des vaccins qui permet de faire de ces produits de santé, un bien commun universel !
Ce pôle public produira une partie des médicaments ; contrôlera le système de sécurité des médicaments, leur mise sur le marché et leur prix ; sera doté de pouvoirs de sanction à l’égard des laboratoires qui manqueraient à leur devoir de sécurité sanitaire ; relancera la recherche publique et fera adopter une charte incluant le devoir de recherche sur les médicaments dits « non rentables ».
Comment comptez-vous assurer l’avenir du financement de la Sécurité sociale ?
Notre approche de la santé, ne saurait se poser en termes de dépenses et de recettes, mais de besoins et de moyens. Nous croyons que le concept d’Assurance maladie, issu du programme du Conseil national de la résistance au lendemain de la guerre, reste une idée neuve, c’est-à-dire, un concept de solidarité, « où chacun reçoit selon ses besoins et contribue selon ses moyens », à partir de la cotisation sociale.
De même nous ne croyons pas à cette notion de déficit distillée depuis des décennies, alors qu’il s’agit d’une sous financiarisation du budget de la santé par les gouvernements successifs. La France est plus riche que jamais. Mais jamais non plus cette richesse n’a été aussi peu partagée. Les réformes libérales qui se sont encore accélérées sous le pouvoir actuel ont permis à une petite minorité d’accumuler des fortunes considérables. La pauvreté et la précarité se sont étendues, touchant des secteurs jusqu’ici préservés.
Dans ce contexte, les dépenses de santé sont systématiquement considérées comme un coût, mais jamais analysées comme une chance. Pourtant, ces dépenses contribuent à améliorer la vie de nos concitoyens. Par ailleurs ces dépenses sont préventives. Les pathologies traitées en amont permettent d’éviter des dépenses plus onéreuses lorsque les soins sont pris de manière tardive. C’est pourquoi, nous voulons faire en sorte que toutes les personnes puissent accéder à un haut niveau de santé. Cela vaut pour les structures de soins comme pour la politique du médicament.
Nous proposons donc un remboursement à 100 % des besoins de santé par la sécurité sociale.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion