Noël à la lettre

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S’il est une tradition de Noël et de la fin de l’année qui fait toujours plaisir, c’est bien d’offrir, parmi les cadeaux utiles ou futiles, des beaux livres. La tendance éditoriale constatée depuis plusieurs mois, qui était de resserrer la production, se confirme clairement en cette fin d’année, avec une diminution de 7,5 % d’ouvrages proposés, et un choix recentré sur la qualité. Quelques titres à choisir.

Actes de foi

Voulez-vous regarder la Terre sainte telle qu’elle fut jadis, depuis l’époque de Moïse et de Jésus ? Partez donc « Sur les pas d’Abraham », découvrez ce magnifique album qui réunit une collection exceptionnelle de photographies peintes à la main, jamais publiées. Elles montrent la lumière unique, les gens, les paysages et l’architecture de cette région avant qu’elle ne subisse les transformations radicales de la modernisation. Ces images ont été sélectionnées parmi 1 200 photos prises dans les années 1920 puis colorées à la main sur plaques de verre à la demande d’Arie Speelman, un fervent chrétien néerlandais. Un travail colossal réalisé au pinceau à un seul poil pour les décors les plus fins, comme une contribution à la paix au Moyen-Orient. Admirable et émouvant. (Éditions du Chêne, 368 p., 49,90 euros)

La foi qui déplace les montagnes a conduit les hommes à rivaliser d’audace architecturale et décorative dans l’édification des églises. En témoigne le « Larousse des cathédrales » réalisé par Gérard Denizeau, enseignant en université et historien d’art. L’ouvrage, illustré de plus de 300 photos en couleurs, nous invite à découvrir près de 100 cathédrales en France et dans le monde, depuis les toutes premières, qui ont jalonné le premier millénaire chrétien, jusqu’à celles édifiées au XXe siècle. Il détaille les grandes étapes de leur construction, replacée dans leur contexte socioculturel et propose une vingtaine de doubles pages thématiques. (Larousse, 312 p., 39,90 euros)

Parlez-moi d’amour...

Être féministe n’empêche ni d’aimer ni d’être aimée, ni de réaliser un album aussi charmant qu’érudit sur le thème de l’amour, comme c’est le cas d’« Un siècle d’amour de 1900 à aujourd’hui ». Son auteur, Florence Montreynaud, spécialiste de l’histoire des femmes, a eu 20 ans en 1968, s’est engagée au Mouvement français pour le Planning familial et a fondé les Chiennes de garde pour défendre des femmes en butte à des insultes sexistes publiques. Cet ouvrage abondamment illustré en couleur raconte, année après année, de 1900 à 2009, à travers 110 thèmes ou couples importants, l’évolution de l’amour, et il montre la place nouvelle qu’il a prise dans la vie des Occidentaux. Les couples célèbres (Sartre et Beauvoir, Montand et Signoret, Michelle et Barack Obama...), les évolutions marquantes, les livres et les films emblématiques retracent ainsi l’histoire de l’amour que chacun, en aimant, réinvente à sa manière. (Nathan, 271 p., 29,95 euros)

Au service de leurs majestés

Si l’on tire son chapeau au vu de ces deux beaux albums, c’est peut-être moins à leurs Majestés qu’aux artistes qui les ont vantées. « Louis XIV : l’homme et le roi » réunit le fleuron des collections royales, et permet d’approcher au plus près le goût du monarque, qui fut un collectionneur avisé. Réalisé sous la direction des commissaires de l’exposition qui se tient au château de Versailles jusqu’en février 2010, Nicolas Milovanovic et Alexandre Maral, l’ouvrage offre l’originalité de s’ordonner autour de textes thématiques – joyaux, camées, médailles, tableaux, sculptures, miniatures, objets d’art... 450 illustrations en couleur témoignent ainsi de l’art de servir le souverain. (Flammarion, 496 p., 49 euros)

Revivre l’épopée napoléonienne à travers la peinture du XIXe siècle en la confrontant à la réalité historique : tel est le propos de « Napoléon par les peintres », un album qui met en valeur les œuvres de David, Gros, Le Jeune et bien d’autres artistes tandis que les textes des deux historiens Dimitri Casali et David Chanteranne, associent l’événement à un décryptage décapant de l’œuvre. Par ailleurs, les toiles monumentales reproduites dans l’ouvrage sont accompagnées de nombreux détails, qui permettent de faire resurgir des anecdotes de l’histoire. (Éditions du Seuil, 240 p., 39 euros)

Regards d’enfants

Le regard du photographe nous aimante vers le regard de l’autre. Des enfants en particulier. Parmi les livres publiés à l’occasion du 20e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, ceux de Pierre-Jean Rey et de Gilles Porte sont de bien agréables albums-cadeaux pour les petits et les grands.

Nos enfants aimeront l’album « Portraits-Autoportraits » de Gilles Porte, qui rassemble 900 photos et dessins réalisés dans 20 pays. Après avoir donné un crayon blanc et une feuille de papier noir, il a demandé à des enfants de se dessiner ; il a pris ensuite une photo en couleur de chaque enfant, qu’il a placée en regard de chaque dessin ; c’est ainsi quechacun nous regarde droit dans les yeux. Et qu’il soit d’Afrique, d’Asie, d’Amérique ou d’Europe, tous se ressemblent : ils dessinent le même « bonhomme » ! (Éditions du Seuil, 252 p., 29 euros)

Dans « Petits d’Hommes », Pierre-Jean Rey, qui poursuit son travail sur l’univers de l’enfance réalisé il y a quinze ans pour l’Unicef, a rassemblé ses plus beaux portraits d’enfants saisis à travers le monde. Des portraits en noir et blanc, cadrés sur le regard, accompagnés des citations et témoignages de romanciers, philosophes et scientifiques d’hier et d’aujourd’hui. Soucieux, interrogateurs, attentifs, fatigués, parfois rieurs, ces regards sont ceux de nos enfants. L’intégralité des droits d’auteur est reversée à l’Unicef. (Albin Michel, 208 p., 35 euros)

Le galop des chevaux

Les amoureux des chevaux retrouveront avec plaisir, dans une édition en « petit format » très abordable, les « Chevaux de Camargue » saisis par l’objectif de Hans Silvester. Rassemblés en manades où ils vivent en semi-liberté, ces chevaux de petite taille et d’une résistance extraordinaire, qui semblent façonnés par l’action du sol et du climat de ce pays d’eau et de marécages, ne se laissent pas photographier facilement. La patience a payé, et les 370 photos en couleur sont un bel hommage à l’animal autant qu’à la Camargue. (La Martinière, 296 p., 24 euros)

› MARTINE FRENEUIL