S’il peut sembler étrange d’aller acheter ses antitussifs et ses antihypertenseurs au même endroit que son paquet de blondes, cela reste d’une grande banalité aux États-Unis, où la liberté du commerce prime souvent sur la santé publique.
En 2008, San Francisco avait été la première ville à interdire les ventes de cigarettes en pharmacie, suivie peu après par Boston. Depuis, une centaine de villes ont promulgué des mesures identiques, de même que toutes les provinces canadiennes, à l’exception de la Colombie-Britannique. En 2014, la plus grande chaîne de pharmacies américaine, CVS, qui regroupe 9 800 officines à travers tout le pays, avait elle aussi décidé de bannir le tabac dans ses pharmacies. L’arrêt de ces ventes a fait baisser le chiffre d’affaires du groupe de 2 milliards de dollars (sur 133 milliards en 2014), mais ce changement a contribué à renouveler son image, d’autant plus qu’il est très présent aussi dans le secteur des cliniques et des hôpitaux.
De nombreux médecins, de même que les mouvements de lutte contre le tabagisme réclament des interdictions générales depuis plusieurs années, en estimant que le fait de continuer à promouvoir et vendre du tabac dans des lieux de santé comme les pharmacies affaiblit les messages sanitaires sur ses dangers. Dans beaucoup de pharmacies, les rayons de cigarettes, souvent en libre-service, côtoient les produits d’aide au sevrage et les médicaments en vente libre…
Cigarettes électroniques en pharmacie
Toutefois, si plusieurs études suggèrent que le fait de ne plus vendre de cigarettes dans les pharmacies permet de réduire la consommation moyenne, ces interdictions ne concernent finalement qu’une part marginale des points de vente aux États-Unis : les pharmacies ne détiennent que 4 % du marché des cigarettes, contre 21 % pour les débits de tabac traditionnels, 20 % pour les épiceries et supermarchés et… 48 % pour les stations-service. Certains pharmaciens new-yorkais se montrent d’ailleurs réservés sur la question, et estiment que s’il est clair que le tabac pouvait attirer des clients venus pour autre chose, la réciproque était vraie aussi : « des gens venaient acheter des cigarettes et repartaient avec des produits bénéfiques pour leur santé, y compris des méthodes d’arrêt », expliquait ainsi l’un d’entre eux à la presse.
Dans tous les cas, la consommation a déjà fortement baissé à New York depuis plusieurs années : il est vrai que, outre le rôle des mouvements antitabac et des interdictions, les cigarettes y sont beaucoup plus chères que dans les autres États. Pour toutes ces raisons, le nouvel arrêté ne concerne donc concrètement que les 500 officines qui en vendaient encore à la fin de l’an dernier, sur un total de 3 000 pharmacies. Rappelons par ailleurs que la plupart des pharmacies américaines vendent aussi des cigarettes électroniques, à l’exception des pharmacies californiennes, d’où elles ont été bannies il y a quelques années.
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