Humeur

Néosnobisme

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Publié le 11/04/2019
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La crise sociale a créé une nouvelle mondanité, le culte de la simplicité, du dénuement, de l'authenticité. Nos élus et nos hauts fonctionnaires en ont pris pour leur grade et ils rasent les murs. Il ne fait pas bon être énarque ou normalien, car ce sont les formations de l'élite. Ici et maintenant, nous sommes au pays rustique de l'élémentaire et du basique. D'autant que, comme on ne cesse de nous le rappeler, on n'a aucune chance d'entrer dans une grande école si on est le fils ou la fille d'un ouvrier. Les élites n'ont donc droit qu'au mépris du bon peuple, celui-là même qui a perpétué la singularité nationale à travers les âges. La preuve a été largement fournie que la France a plus gagné dans ses révolutions qu'elle n'a perdu. Et, au fond, que l'intelligence qui sied si bien aux élèves des prépas n'est pas indispensable à notre bonheur collectif. Il est fortement question de supprimer l'ENA. Ainsi seront assurées des générations d'ignares qui, eux, vont nous dire où se situe la justice sociale. En vérité, tout cela est simple. C'est bien plus facile de fabriquer des promotions d'idiots que des bataillons de savants qui auront plus tard le culot de nous dire comment nous devons vivre. Des gilets jaunes fixeront nos salaires, établiront notre vision de l'avenir, veilleront à ce qu'aucun citoyen ne sorte du rang. Ainsi sera instaurée la plus parfaite des égalités.

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3511