LA DEMANDE d’huile essentielle d’hélichryse italienne est en constante progression dans les secteurs de la cosmétique et de l’aromathérapie. À tel point que, en 2013, le marché a connu une rupture d’approvisionnement de cette plante tant convoitée en raison de ses propriétés vulnéraires. Pour pallier ce risque à l’avenir, la marque Naturactive, des Laboratoires Pierre Fabre, a lancé en 2013 un projet audacieux : produire à grande échelle de l’hélichryse italienne dans le Tarn. Premier atout : les Laboratoires Pierre Fabre disposent de 190 hectares de culture bio dans le département, autour des communes de Lavaur, Castres, Puylaurens et Gaillac. Mais cela n’est suffisant pour réussir ce pari. « La culture de l’hélichryse italienne requiert un terrain caillouteux, un sol drainant. Les besoins ont été croissants avec des cultures en Corse, dans le Sud-Est de la France et dans la région des Balkans. Si cette plante ne craint ni le froid ni la chaleur, elle n’aime pas l’excès d’humidité. Or, dans le Tarn, on dispose surtout de terrains argileux avec des risques de stagnation d’eau, l’automne et l’hiver. Est-on vraiment capable de faire pousser de l’hélichryse ? On a travaillé avec le service recherche agronomique Pierre Fabre pour répondre à cette question, en s’appuyant sur les travaux de recherches et d’expérimentations menés préalablement pour d’autres plantes », explique Alexandre Panel, ingénieur agronome et responsable qualité filières de Pierre Fabre Agronomie.
135 000 plants sur 7,5 hectares.
En 2013, une parcelle pilote a été installée à Gaillac, sur la base de 200 plants, pour effectuer des tests techniques de culture. Verdict : privilégier une culture en bande buttée et bâchée pour éviter les sols trop humides et la stagnation d’eau, avec une densité de 12 000 à 16 000 plants par hectare et une fertilisation et irrigation par goutte-à-goutte. L’opération « essai production maison » est lancée, alors, début 2014, à grande échelle, sur un terrain bien exposé de 7,5 hectares à Lavaur, dans le midi Toulousain. Les 80 grammes de semences d’hélichryse italienne acquis auprès du Conservatoire national des plantes à parfum, médicinales, aromatiques et industrielles (CNPMAI) de Milly-la-Forêt ont été confiés à un pépiniériste bio pour donner naissance à 135 000 jeunes pousses plantées en juin 2014. « L’exploitation agricole est certifiée Haute Valeur environnementale. Les 7 hectares sont exploités en culture biologique car c’est le critère exigé par la marque Naturactive pour l’élaboration des huiles essentielles. L’autre défi à relever était d’avoir une culture en circuit court entre la production, la distillation et la fabrication du produit fini sur le site de Cahors », précise Alexandre Panel.
La première récolte a été organisée la deuxième quinzaine du mois de juin. Pour produire l’huile essentielle, le choix a été fait d’avoir recours à un distillateur équipé d’un alambic mobile, installé à proximité de la parcelle. 500 kg de sommités fleuries fraîches sont nécessaires pour obtenir un kilo d’huile essentielle. Soit un rendement de 0, 02 %. Des prélèvements sont ensuite réalisés en vue des contrôles organoleptiques (couleur, odeur, texture), de contrôles de constance physique (indice de réfraction, densité) et d’une analyse chromatographique pour valider le profil chimique. Six points de contrôle pour s’assurer de la qualité de cette huile essentielle avant son conditionnement en flacons de 5 ml vendus ensuite en pharmacie.
Un investissement de 80 000 euros
« L’investissement pour ce projet a été à hauteur de 80 000 euros avec tous les travaux de préparation de terrain, l’achat et les locations de matériel, et les productions de plants qui, à elles seules, ont coûté 20 000 euros. On maintient l’exploitation de la parcelle sur 7 ans pour amortir le projet. On fera le bilan réel sur les 5 ans à venir. L’investissement est très lourd. Il faut donc que cela corresponde à des huiles essentielles sur lesquelles il y a une très forte valeur ajoutée, soit en termes de maîtrise de l’approvisionnement et de maîtrise de la traçabilité. L’hélichryse italienne le justifie. Nous allons étudier le portefeuille de Naturactive pour voir si c’est également le cas pour d’autres plantes », ajoute Alexandre Panel.
Pari réussi pour Naturactive, la première récolte a répondu aux attentes. Démonstration est donc faite que le Tarn peut-être une terre de production de l’hélichryse italienne. La pleine capacité de cette culture en plein champ devrait être atteinte en 2016, à maturité des plants.
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