Thérouanne, cadre presque parfait d'une offre de santé en milieu rural ? Capitale de la Morinie, quand la Picardie incluait Calais, ce bourg du Pas-de-Calais était le passage entre la France et la Flandre, le pont sur l'Aa, théâtre de guerres et de conquêtes. La ville va offrir à 1 150 habitants, avant l'été, un pôle de santé et de services, mais aussi culturel. Dans le même bâtiment, une maison de santé pluriprofessionnelle, une maison de services au public (CPAM, assurance retraite, gaz de France, la Poste, Mutualité agricole (MSA), Pôle emploi, accueil Internet), et un musée d'archéologie. Pour Christian Milhamont, qui a repris la pharmacie en avril 2018 - sa première installation à 30 ans - les perspectives pourraient être pires !
« Nous avons la volonté de travailler ensemble, médecins, professionnels et pharmacie, et cette coordination ne peut que profiter à tout le monde », assure-t-il.
De la friche au projet de MSP
« Cinq communautés de communes, dont Thérouanne, s'interrogeaient sur les besoins en matière de santé, et tous les médecins ont été questionnés, rappelle le Dr Franck Vanderstraeten, généraliste et président de l'association des professionnels de santé. Il est apparu que deux secteurs manqueraient, dont Thérouanne, ce qui a entraîné ce projet de maison pluriprofessionnelle. » Les professionnels, dont Michèle Millamon, alors pharmacienne (sans parenté avec son successeur), ont été réunis par René Allouchery, président de la communauté de communes, et Alain Chevalier, maire de Thérouanne.
Un magasin de meubles a fermé à la même époque en plein cœur de ville, devenant la « friche Ledoux », « une friche dont la ville ne voulait pas en plein centre », rappelle le maire. Les choses sont vite devenues évidentes : des six médecins en exercice, trois partaient à la retraite, un quatrième part au printemps, et un local pouvait être réaménagé. La communauté de communes met en route le projet, ensuite repris par la communauté d'agglomération du Pays de Saint-Omer (CAPSO).
Celle-ci dépensera 3,8 millions d'euros, subventionnés pour 980 000 euros (État, région, département), aménageant 1 240 m2 de planchers sur trois niveaux : services au public et musée au rez-de-chaussée, neuf cabinets médicaux au premier étage, salle de réunion et cuisine au deuxième. On entre par l'accueil général, ou par l'arrière, depuis le parking.
Information partagée
L'association compte quatre médecins, sept infirmières, un ostéo, une sage-femme, une diététicienne, une pédicure, deux orthophonistes, bientôt une psychologue, ainsi que trois kinés et le pharmacien, extérieurs à la maison. « Mais nous aurons une information partagée, avec un support informatique, l'accès aux dossiers patients, et des actions de santé », indique Franck Vanderstraeten.
La pharmacie, devant le supermarché, et à l'ombre de l'église, n'est pas à 100 mètres de la maison de santé. « L'association va me permettre d'exercer les nouvelles responsabilités de pharmacien ; nous pourrons échanger par ordinateur entre professionnels, et nous rencontrer en réunion physique pour les cas plus compliqués, assure Christian Milhamont. Nous avons déjà des réunions pour mettre au point les statuts, et préparer les projets de santé. »
Les clients voient plutôt bien cette évolution, estime-t-il, jugeant qu'elle va dans leur intérêt. L'enthousiasme des professionnels de Thérouanne n'est pas feint : la MSP a refusé du monde, un chirurgien-dentiste, des paramédicaux.
Même le ciel, ou presque, semble bénir le futur pôle : en janvier 2019, le pape François a recréé un évêque de Thérouanne, 452 ans après le dernier évêque en exercice !
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion