« DANS MON CLUB, on n’insulte pas l’arbitre, on n’embête pas les filles. De toute la Haute Normandie, le Hauts de Rouen basket club est celui qui compte le moins de fautes techniques, qui sont des fautes d’incivilité notoire au basket. » Du haut de son 1,96 m, Blaise Guiakora, pharmacien à Rouen (Seine Maritime), est fier du club, qu’il a créé dans ce quartier de mauvaise réputation, mais que lui juge « où il fait bon vivre, bon travailler, où les rapports entre les gens ont une qualité humaine ». Monsieur Blaise, comme tout le monde l’appelle ici, s’est installé voici 13 ans dans ce quartier du Châtelet, dans les hauts de Rouen. Et le club de basket, créé il y a cinq ans, compte 150 jeunes, garçons et filles, de 6 à 18 ans, et « monte » en régional.
« J’ai toujours été basketteur, au lycée, à la faculté, où j’ai joué en nationale, rappelle Monsieur Blaise. Étant étranger, à l’université, nos parents étaient loin et nous avons obtenu de jouer le vendredi soir. »
En s’installant au Châtelet, il apprend aussi la détresse de gens qui se replient sur eux-mêmes, les problèmes sanitaires liés à un habitat peu entretenu. Le pharmacien, d’origine centrafricaine, s’engage d’abord en politique. Il est élu conseiller municipal, parce que « je pensais que beaucoup de problèmes se situaient au niveau des élus plus qu’à celui des habitants », confie-t-il.
Ces gens m’ont donné ma chance.
Son club de basket du Châtelet, il le crée en amenant d’autres universitaires, noirs également, « pour les mettre en relation avec des noirs défavorisés, pour créer une émulation. Pour montrer aux gens du quartier qu’on peut être noir et pharmacien, noir et ingénieur. J’ai joué de la couleur de ma peau, et de l’image du basket, pour créer une accroche identitaire ». Une de ses fiertés est d’avoir déjà amené « deux jeunes du quartier à sauter une classe ».
« Ces gens-là, dit-il des habitants du Châtelet, m’ont donné ma chance. Ils m’ont accepté comme pharmacien, ils me font vivre. Ils me disent "on vous confie notre santé, on vous confie notre fille". Comme pharmacien, je suis un peu notable, je suis respecté, donc je peux fédérer. Quand les gens me voient lacer les chaussures d’un môme, ça les marque, comme quand ma femme apprend à une fille à bien mettre son soutien-gorge. Mon métier aide : je répare les petits bobos. Le sang, la sueur, et les larmes, c’est intéressant. »
À ses yeux, le quartier change. Lui en veut plus. Il n’a que 44 ans, mais cherche déjà à transmettre « petit à petit » la direction du club qu’il préside à des jeunes « issus du quartier ». Aux yeux des Normands aussi le quartier a changé : « On nous attendait un peu, mais on ne brûle pas les voitures quand on se déplace. On peut venir des Hauts, et être un des meilleurs clubs normands. »
Légende : Monsieur Blaise, figure du quartier des Hauts de Rouen
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