Le Quotidien du pharmacien. Que pensez-vous de la PDA en ambulatoire ?
Martine Costedoat. C’est une solution d’avenir. En termes de santé publique, elle sécurise la prise de médicament, évite la iatrogénie, surtout chez les personnes âgées et polymédicamentées. De plus, comme la PDA est réalisée en interprofessionalité, elle rend visible l’inobservance aux yeux de tous les professionnels de santé, notamment les prescripteurs. Alors que dans le système actuel, les médecins sous-estiment l’inobservance de leurs patients : quand un médicament n’est pas efficace, ils augmentent les doses ou changent de molécule. En passant à la PDA, ces problèmes sont résolus.
Pour le pharmacien, la PDA de ville est l’occasion de proposer un vrai service personnalisé qui repose sur ses compétences. Contrairement à la PDA pour les EHPAD, le potentiel est plus important et l’investissement est moindre. En effet, il n’est pas nécessaire d'acquérir un automate. Une petite machine qui tient sur une paillasse, à un prix abordable, suffit.
Mais aujourd’hui, la PDA en ambulatoire est très peu pratiquée, car il n’était pas possible jusqu’alors de facturer cet acte au patient. Avec la publication du décret service en octobre dernier, la rémunération des services est enfin autorisée. Avec ce décret et avec la mise en place des bilans partagés de médication, les pharmaciens vont pouvoir détecter les personnes qui ne sont pas observantes et leur proposer une PDA.
Les patients sont-ils prêts à payer pour que le pharmacien leur prépare des piluliers ?
Oui, selon une enquête que nous avons menée auprès de 33 000 patients-clients de pharmacie en 2018. Près de 21 % ont déclaré être intéressés par un service de PDA. Parmi eux, 13 % seraient prêts à payer entre 5 et 13 euros par semaine, et plutôt les personnes de 35 à 50 ans. Autrement dit, ce sont surtout les aidants et l’entourage des personnes non observantes qui se rendent compte de l’intérêt de mettre en place une PDA pour un proche.
Comment se lancer dans la PDA en ambulatoire ?
Elle doit s’envisager comme un vrai projet. En faisant une étude sur l’environnement, les opportunités et les forces de la pharmacie. En regardant poste par poste comment intégrer cette nouvelle activité à son exercice quotidien. Il faudra songer à réorganiser le travail de l’équipe officinale, avec des rotations entre la PDA et le comptoir, et s’assurer de sa formation. La question de la rentabilité doit également être abordée, même si elle est moins aiguë que pour une PDA en EHPAD. Compte tenu de la place de l’interprofessionnalité dans la PDA, il importe de bien communiquer avec les autres professionnels de santé (médecins et infirmières). Enfin, une réflexion sera menée sur la façon d’informer les patients sur la PDA proposée à l’officine. En affichant les tarifs - c’est une obligation - mais aussi en faisant connaître le service, en expliquant aux patients les avantages à disposer de ses médicaments dans un pilulier. Pour aider les pharmaciens à mûrir leur projet, nous avons créé, dans le guide PDA de 2019, une fiche sur la PDA en ambulatoire.
* Association de certification qualité des pharmacies (ISO 9 001-QMS Pharma).
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