« LA MINISTRE a été cordiale, et nous l’avons été aussi, tout en étant combatifs et très fermes, car ce sont des paramètres clés de la profession de pharmacien qui sont actuellement en jeu. Nous devons être extrêmement vigilants pour les défendre, c’est-à-dire pour défendre la santé des Français. » Tel était le sentiment d’Isabelle Adenot au sortir de sa récente entrevue avec Marisol Touraine. Ce lundi 8 septembre, la présidente de l’Ordre, accompagnée de Patrick Fortuit (vice-président du Conseil national), Alain Delgutte, (président du Conseil central A), Jean Luc Benhaim (représentant le président du Conseil central G) et Caroline Lhopiteau (directeur juridique) était en effet reçue par la ministre de la Santé pour débattre autour du projet de loi « croissance et pouvoir d’achat ». Une entrevue qui s’inscrit dans la série de consultations des instances représentatives officinales. La ministre avait en effet reçu, la semaine passée, les présidents de deux syndicats de pharmaciens – la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
Exaspération et souhait de transparence.
À l’occasion de ce rendez-vous, la délégation ordinale a pu exposer « avec détermination » l’ensemble des positions contenues dans la délibération du bureau du Conseil national (qui recensent ses arguments de défense des piliers du monopole pharmaceutique), ainsi que celles portées par la section G (biologistes), rapporte l’instance ordinale. Elle a également exprimé « l’exaspération, et l’extrême tension en découlant, de la profession qui souffre tant de la manière dont le sujet est traité (pas de transmission de l’annexe 10 pour la biologie, refus de transmission de la partie générale du rapport de l’IGF…) que de l’absence de transparence qui entoure le projet de réformes annoncé ». Très attentive à l’argumentaire développé, « la ministre nous a écoutés avec attention et intérêt », a estimé la délégation ordinale.
Marisol Touraine a ainsi déclaré qu’elle avait conscience que les contextes de transformations appellent de gros efforts de la profession (génériques, expérimentation de dispensation à l’unité…). Elle a également remercié l’Ordre pour son engagement, au côté des autres professionnels de santé, pour faire progresser notre système de santé et dit avoir compris les préoccupations des pharmaciens.
Une ministre engagée dans les réformes.
Déterminée à ce qu’une offre de santé de qualité et sécurisée soit garantie à tous nos concitoyens sur l’ensemble du territoire, la ministre a en même temps réaffirmé sa ferme volonté d’engager des réformes importantes pour la profession (en citant notamment l’article 50 du projet de loi de santé relatif à l’expérimentation à l’unité).
Mais, en dépit de ces réassurances, l’engagement que Marisol Touraine affichait jusque-là semble désormais trouver une nouvelle limite. En effet, « elle fera valoir la spécificité du secteur de la santé, sans pour autant pouvoir s’en tenir à un statu quo », souligne la délégation ordinale qui rapporte, en substance, les propos tenus par la ministre. Une modulation d’importance qui laisse augurer qu’une brèche est désormais ouverte dans le rempart que le ministère de la Santé constituait pour les réformes en cours.
Quoi qu’il en soit, Marisol Touraine devrait rencontrer dans les dix jours, son collègue de l’Économie, Emmanuel Macron, ainsi que le Premier ministre, en vue des arbitrages sur le projet de loi.
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