« LES ENFANTS, je pars en mission. Je ne reviendrai peut-être pas, et si c’est le cas, c’est que je serais mort pour la France et pour vous. » Tels sont les mots qui ont marqué l’enfance de Marie-Pierre Antoine, aujourd’hui pharmacien principal de réserve au service de santé des armées. Officinale de formation, titulaire d’un DESS d’économie de la Santé, la jeune femme a tout mis en œuvre pour intégrer l’armée de réserve, où elle sert avec le grade de pharmacien principal. Si elle n’a pas accédé à la demande paternelle en devenant médecin militaire, cette fille de pilote de chasse a saisi la balle au bond, en effectuant son stage de cinquième année hospitalo-universitaire à l’hôpital militaire de Metz. Bon sang ne saurait mentir ! « En échange, le service de santé des armées m’a fourni les données et autorisée à effectuer ma thèse sur la consommation de toxiques (cannabis, cocaïne, ectasy et héroïne) chez les jeunes gens passant au centre de sélection. C’était une comparaison entre les déclarations et les dosages urinaires », explique la jeune femme, aujourd’hui chargée de mission à la Direction de l’exercice professionnel au Conseil national de l’Ordre des pharmaciens.
Dès la loi de 1999 suspendant le service national, et après une session jeunes de l’Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), Marie-Pierre Antoine, motivée par ces expériences et ces rencontres, décide de déposer un dossier à la direction centrale du service de santé des armées, et effectue sa préparation militaire à l’école d’application de l’infanterie de Montpellier « J’ai ensuite été affectée au 818e l’hôpital médico-chirurgical (HMC) de Montlhéry en 2002. Je suis aujourd’hui pharmacien principal, ce qui correspond au grade de commandant. » Après un stage à l’École de santé de Lyon sur le travail commun armée/organisations non gouvernementales, elle part en mission extérieure à l’hôpital médico-chirurgical Bouffard de Djibouti en 2003. Non contente cette expérience variée, Marie-Pierre Antoine passe le concours de l’École supérieure des officiers de réserve spécialistes d’état-major de Paris et en sort diplômée d’état-major. Formations, mise en œuvre de l’hôpital de campagne, entraînement, opérationnel, manœuvres… Elle s’est adaptée à la vie militaire et à son esprit de camaraderie. « Au 818e HMC, les pharmaciens gèrent les approvisionnements en médicaments et en sang en cas de déploiement à quelques kilomètres du front. » Hyperactive, Marie-Pierre Antoine a complété cet engagement par des activités dans des associations comme « Jeunes et Défense » et, plus tard, à l’Association des officiers de réserve de Paris en tant que déléguée jeunes, mais aussi dans le renfort du protocole des cérémonies au profit du ministère de la Défense (cérémonies du 8 mai, commémorations du 6 juin…). Elle a été également pharmacien sapeur-pompier au service départemental d’incendie et de secours des Yvelines. Formée aux premiers secours – elle est monitrice et enseigne les gestes qui sauvent – elle se révèle comme un recours précieux.
Et l’officine dans tout ça ? Marie-Pierre Antoine ne l’a pas désertée afin de conserver la connaissance de « l’ambiance du terrain ». Plus que jamais passionnée par son métier, la jeune femme travaille au Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, et comme les autres collaborateurs, soutient les conseillers ordinaux dans l’exercice de leurs missions.
Dans ce milieu, réputé peu ouvert, est-il aisé de se faire respecter en tant que femme ? « Il est vrai, au départ, que j’ai eu des questions du type "l’armée française [de réserve] est donc tombée si bas qu’elle recrute des femmes ?" C’était nouveau, des officiers de réserve féminins. J’ai reçu le soutien de nombreux camarades à cette époque et je leur en suis reconnaissante. Dans l’armée, une fois qu’on a fait ses preuves, il n’y a pas de problème de respect, les grades ont l’avantage de la clarté. » Dans toutes les circonstances, homme, femme, d’active ou de réserve, c’est le côté professionnel qui compte. L’intérêt de cette double vie ? « Savoir-faire et savoir être peuvent être utilisés dans les deux milieux qui se complètent fort bien. » Gageons que Marie-Pierre sait recueillir le meilleur de chaque rencontre, personnelle et professionnelle. Chapeau bas.
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