J’ÉCOUTAIS l’autre jour à la radio une dame très compétente qui, dénonçant les ravages de l’information numérique, signalait en particulier le syndrome de la peur de manquer une nouvelle. Tout à coup, j’ai compris que, par déformation professionnelle, je souffrais de cette maladie. Le mal est là, bien identifié : j’ai peur de rater une déclaration, un événement, fût-il ignoré par d’autres médias, la chose incongrue qui mettrait un peu de sel dans mes écrits. Conseil de l’experte : éteignez votre ordinateur. Pour un journaliste, ne pas se tenir au courant, c’est la fin du gagne-pain. Alors, quoi ? Ne pas prendre pour argent comptant ce que se dit, cela purifiera mes billets d’humeur. De Nadine Morano à Jean-Luc Mélenchon, le discours est prévisible. Même s’ils ne disent rien, je pourrais écrire tout un discours à leur place et, de toute façon, les citer n’apporte rien à mes démonstrations. Je choisis donc, pour échapper au syndrome, d’écrire sans rien savoir de ce qui se dit autour de moi et qui, de toute façon, est oublié une heure après. Je serai Candide au pays de la presse.
Humeur
Malade malgré moi
Publié le 30/04/2015
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RICHARD LISCIA
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3175
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