François Fillon a passé une mauvaise semaine. Sa conférence de presse du 6 février lui a certes permis de reprendre les Républicains en main et de faire taire les voix dissidentes dans son propre camp, elle ne s'est pas traduite par une remontée de sa cote de popularité. Il a donc fait campagne sous les insultes et les lazzis et le projet d'aller de ville en ville proposer un programme sévère de redressement de l'économie française jure avec les complaisances qu'il a pu avoir par le passé avec l'argent sinon avec la loi. Il répond qu'il n'a aucune raison de se fier à des sondages qui n'ont pas prédit sa formidable victoire à la primaire de la droite et du centre. Il n'est pas impossible qu'il parvienne à retourner la situation, même si le soupçon du public lui colle désormais à la peau, pendant que la justice, qui continue à enquêter, n'est pas vraiment découragée d'aller au bout de l'affaire, malgré la tentative de ses avocats de disqualifier le paquet national financier.
Mais l'ancien Premier ministre doit être raisonnable : il existe une lourde possibilité qu'il continue à stagner, que ses vicissitudes se multiplient, qu'il chute encore. Et alors, il aura pris la responsabilité d'éliminer la droite et le centre dès le premier tour, perspective d'autant plus angoissante que la victoire de son camp paraissait, il y a deux ou trois semaines, inéluctable. Tout, en effet, concourait à cette victoire : la décomposition de la gauche, à laquelle il faut ajouter l'élection de Benoît Hamon à la primaire, ce qui fait certes de lui un candidat relativement solide mais susceptible de renvoyer vers la droite ceux des électeurs qui rêvent d'un programme social-démocrate. Dans sa globalité, l'opinion a encore du mal à imaginer M. Hamon dans des habits de chef d'Etat. Mais aussi la fin d'un quinquennat dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas donné à la gauche des lettres de créance pour un nouveau mandat.
Une alliance Hamon-Mélenchon ?
Patatras ! Voilà que l'opinion publique, après avoir liquidé indistinctement M. Hollande, puis M. Valls, Mme Duflot, M. Sarkozy puis M. Juppé et d'autres encore qui s'y voyaient presque, semble vouloir tourner son pouce vers le bas, comme dans les jeux du Colisée, pour signifier sa disparition à M. Fillon. Dans ce jeu de quilles dévastateur, Marine Le Pen tient le haut du pavé, qui est aussi assurée de conduire le bal au premier tour que consciente qu'elle sera battue au second. Sauf si. Et c'est là que le recul de M. Fillon fait peser sur l'ensemble des élections le danger d'un ouragan. Pour battre Mme Le Pen au second tour, il faut quelqu'un. Les sondages ont désigné cet ange rédempteur, c'est Emmanuel Macron. Mais la partie n'est pas finie. Elle ne l'est pas parce que la course dure encore deux mois et demi et parce que nous avons tous compris que n'importe quoi peut se produire dans dix jours, dans un mois et même à la dernière minute, qui changerait tout.
Par exemple, M. Hamon a compris qu'il n'a aucune chance s'il n'étend pas sa juridiction sur des forces appartenant à d'autres candidats qui, eux, ont encore moins de chances que lui. Je parle, bien sûr, de Jean-Luc Mélenchon. Un accord entre les deux hommes gauchirait un peu plus, si c'est possible, le programme du candidat du PS, mais la logique arithmétique le propulserait à la première place au premier tour et lui permettrait de battre Marine Le Pen au second, sans doute avec une marge plus étriquée que celle de Macron ou Fillon. Encore faut-il que les deux hommes s'entendent sur un programme commun et que M. Mélenchon, qui est au septième ciel, descende de ses nuées pour se sacrifier, ce qui n'est pas donné, pas plus que n'est certaine l'addition des voix socialistes et celles de l'extrême gauche. D'autant que, pour la majorité des socialistes, M. Hamon se situe déjà trop à gauche.
Mais le scénario n'est pas un fantasme. Il pourrait certes stimuler l'électorat de droite qui serait plus nombreux à voter Fillon. Surtout si François Bayrou, jamais à court d'une rodomontade, se présente, comme il l'a menacé de le faire la semaine dernière, au nom de l'indignation que lui inspirent les frasques de la famille Fillon. La peur existe que, dans cet enchevêtrement de tendances contradictoires et d'émiettement de l'électorat, Marine Le Pen tire son épingle du jeu, gagne le premier tour, bien sûr, et l'emporte aussi au second. Le Front national au pouvoir ? Les marchés financiers commencent à le croire qui font monter les taux d'intérêt payés par la France. Ce n'est pas seulement notre pays qui est concerné, c'est l'Europe tout entière, déjà fragilisée par le Brexit et qui, cette fois, ne s'en remettrait pas.
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