Le calme de l'exécutif, dans le monde compliqué où il évolue, est tout à fait remarquable. Cependant, la persistance des conflits sociaux inquiète une opinion victime de conflits où elle n'a pas son mot à dire. Tout le monde a compris que le gouvernement ne peut pas céder à la SNCF ou ailleurs, parce que sa crédibilité réformiste serait durablement endommagée alors que la majorité a été élue pour changer le pays. Cela relativise quelque peu la sérénité apparente d'un pouvoir dont le seul choix est de tenir bon. Toute la question porte sur la détermination de l'opinion à partager encore longtemps les effets néfastes de la crise sociale.
Emmanuel Macron tente de trouver une alternative diplomatique à ses difficultés intérieures, dont il attend avec patience qu'elles se résolvent sous l'effet de la lassitude syndicale et de l'opposition. Il rentre de Russie où il a rencontré Vladimir Poutine. Notre président n'est jamais rebuté par la hauteur d'une haie sur son parcours. On a tout de même des réserves sur sa capacité à faire de la Russie un partenaire susceptible de remplacer l'Amérique, comme l'espèrent quelques commentateurs qui rêvent d'un renversement d'alliances. Il faut mesurer la distance à accomplir : la France et l'Europe ne peuvent pas apporter leur blanc-seing à l'annexion de la Crimée, elles ne peuvent pas approuver la politique russe au Proche-Orient (nous sommes militairement engagés dans le nord de la Syrie) ni accepter l'intervention iranienne en Syrie.
M. Macron voit le populisme triompher partout, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Italie. Il voit s'organiser différents grands pôles d'influence (Chine, Russie, Etats-Unis) dans une période historique marquée par l'affaiblissement et les divisions de l'Europe. Il sait en outre que M. Poutine ne songe qu'aux intérêts de son pays et ne risque pas de lui donner des gages de rapprochement qui resteraient sans compensation. L'évidence est que seule une montée en puissance de l'Europe permettrait de tenir tête aux nouveaux défis diplomatiques. Mais elle n'en prend pas le chemin : après le Brexit, voilà que l'Italie vote pour des partis qui considèrent l'Europe comme la source de tous les maux de la péninsule. L'Allemagne elle-même hésite à prendre des initiatives, même si Angela Merkel a publiquement déclaré que, face à la défection américaine et aux dangers extérieurs, l'Europe doit apprendre à s'unir pour mieux se défendre.
La frilosité de l'Allemagne
Le président français n'a cessé de dire qu'il ferait ce qu'il a annoncé lorsqu'il s'est présenté à l'élection présidentielle. Il a effectivement lancé des réformes, mais il est bien obligé de convenir que des tensions internationales qui s'aggravent le contraignent à trouver des alternatives diplomatiques. Il a pu croire, pendant quelques mois, qu'il pouvait, mieux que Mme Merkel, incarner le leadership européen. Mais l'Europe est une affaire collective qui ne peut réussir qu'avec la coopération de ses Etats-membres. Bien que l'Allemagne lui ait remis récemment le prix Charlemagne pour consacrer son activisme européen, il se heurte à de vives résistances, à Berlin, chaque fois qu'il milite pour la réforme des institutions de l'Union. Cela tient à la baisse du prestige de la chancelière, qui a certes obtenu un quatrième mandat, mais, face à la frilosité et au conservatisme des partis politiques allemands, sans compter l'opposition des populistes de l'AfD (Alternative fur Deutschland), préfère pour l'instant l'immobilisme.
On mesure l'influence des crises internes sur l'action diplomatique des membres de l'UE. Cela est vrai de l'Allemagne, mais aussi de la France, qui reste très divisée et prive ainsi M. Macron du leadership nécessaire pour emporter l'adhésion de ses partenaires européens. La tentative de rapprochement avec Moscou est louable parce qu'elle s'adresse au monde réel, mais le monde réel a tôt fait d'en signifier les limites.
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