Le Quotidien du pharmacien.- Comparée à d'autres pays, la France est-elle en retard dans la lutte contre le mésusage des médicaments ?
Luc Besançon.- La France a tout de même été un pays précurseur sur le dossier pharmaceutique par exemple. Ce qui manque côté français sur la question du mésusage, c'est l'absence d'objectifs généraux et de plans stratégiques gouvernementaux. Les professionnels de santé français ne sont pas suffisamment incités à adopter de bonnes pratiques, ni à s'investir dans certains projets. Le gouvernement australien a, par exemple, subventionné NPS MedicineWise (un programme pensé pour améliorer la prescription médicale en amont) et a incité financièrement médecins et pharmaciens à y participer. Vingt ans après sa création, ce programme a permis à l'assurance-maladie australienne d'économiser 625 millions d'euros. En France, comme il n'y a pas réellement de schéma directeur, ni de plans clairement établis pour favoriser un meilleur usage des médicaments, il est difficile de mobiliser les ressources et de coordonner les actions.
Comment les officinaux suisses sont-ils parvenus, eux, à renforcer leur rôle sur la prescription et le suivi des traitements ?
Lorsque le programme netCare a été lancé en Suisse en 2012, les pharmaciens se sont tout de suite rapprochés des médecins mais ces derniers n'ont pas souhaité y participer. Les officinaux ont dû se tourner, dans un premier temps, vers une plateforme de télémédecine. Quand netCare a commencé à réellement prendre forme, les médecins se sont alors impliqués. Toujours en Suisse, les cercles de qualité sont apparus au niveau cantonal, avec des médecins volontaires à l'origine. Une fois mieux développés, l'association des pharmaciens suisses (pharmaSuisse) a pris le relais pour les mettre en place au niveau national. Expérimenter sur une petite échelle présente un grand avantage : les corporatismes sont moins forts.
Quelles solutions pourrait-on mettre en place rapidement pour encourager un meilleur usage des médicaments ?
Il y a un constat irréfutable selon moi, les pharmaciens sont meilleurs que les médecins pour suivre un protocole de soin sur la durée. La dispensation protocolisée, mais aussi la création d'échelons intermédiaires, comme les futures communautés professionnelles territoriales de santé (CTPS) ou les URPS, cela va dans le bon sens. Même si on est encore loin de la Finlande, où le pharmacien a accès à l'indication de traitement (fournie par le médecin). Au Japon ou en Espagne, des éléments pédagogiques sont également mis à disposition des pharmaciens pour qu'ils aillent aussi faire de la prévention et de l'éducation auprès des enfants à l'école. On forme le jeune public à la question du bon usage des médicaments et ces enfants en parlent ensuite à leurs parents, c'est donc positif à deux niveaux. À ma connaissance, aucun programme de ce type n'existe en France aujourd'hui.
• Pharmacy and Consulting est une société privée basée à La Haye (Pays-Bas), fournissant des conseils spécialisés relatifs à l'officine, avec trois domaines de prédilection : les politiques, les nouveaux services et les partenariats innovants.
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