L'ORDRE des pharmaciens a décidé d'attaquer. L'instance ne supportait plus d'être chatouillée par les groupements sur la question de la communication. « Le code de la santé publique est fait pour être respecté, pas pour être contourné en permanence », indique au « Quotidien » le président de l'Ordre national des pharmaciens, Jean Parrot. Persuadé de ne pas avoir « affaire à des oies blanches », qui rentreraient dans le rang sans menace, le président de l'Ordre vise les « campagnes publicitaires des groupements à la radio, dans les quotidiens nationaux ou sur les sites Internet ». Ces campagnes sont interprétées par Jean Parrot comme « des chiffons rouges destinés à faire entrer des clients dans telle ou telle pharmacie. » Il assure que « plusieurs actions sont en cours » vis-à-vis de groupements. Premier à essuyer la colère ordinale, et à recevoir une assignation simple en justice, le groupement Giphar (à travers sa coopérative SoGiphar). Dans la ligne de mire, sa campagne de communication grand public lancée en décembre dernier. Giphar y faisait intervenir le comédien Richard Berry, qui vantait le conseil pharmaceutique à la radio et dans des journaux nationaux (voir « Le Quotidien » du 4 décembre). Les spots étaient diffusés sur les ondes de 7 radios nationales et d'une centaine de radios locales.
Une réaction jugée tardive.
Déjà, à l'époque, cette campagne avait soulevé l'indignation de l'Ordre des médecins, cette fois pour l'utilisation de termes évoquant la « prescription pharmaceutique ». Un différend resté sans suites à ce jour. La réaction, plus tardive, des instances pharmaceutiques pourrait venir du lancement d'une nouvelle vague de communication, début juin. « Nous avons reçu le courrier quelques jours avant qu'elle ne débute », précise Brigitte Bouzige, présidente de Giphar, qui s'avoue surprise que rien n'ait été transmis auparavant à ce sujet. « Il y a certainement des pressions, mais je n'arrive pas à les identifier, confie t-elle. Plusieurs enseignes communiquent. Pour notre part, le message très clair. Il n'y a pas de valorisation du pharmacien sous l'angle commercial, mais bien une volonté de mise en avant du conseil pharmaceutique, à l'heure du vote final de la loi HPST. » La présidente de Giphar rappelle son engagement sur l'éthique, avec, en particulier, un logiciel commun aux adhérents qui optimise la collecte des données de pharmacovigilance.
Mise en cause par Jean Parrot sur la distribution de cartes routières au logo du groupement, Brigitte Bouzige est formelle : « Ces cartes ne donnent aucune localisation et aucune adresse de pharmacie Giphar. Seul le site Internet du groupement est indiqué ».
Recours à l'Europe.
Le groupe PHR pourrait bien, lui aussi, avoir abusé de la patience ordinale. Lucien Bennatan, son président, s'attend à recevoir sa lettre d'assignation. Après une promotion à la télévision l'an dernier, une campagne nationale d'affichage se déploie actuellement et des spots publicitaires sont diffusés sur la radio RTL, mettant en avant les enseignes Viadys et PharmaRéférence. « Nous poursuivrons cette campagne. Nous ne céderons pas, car c'est un mauvais procès », estime Lucien Bennatan. Le dirigeant de PHR se dit prêt, si besoin, à recourir aux instances européennes en charge de la concurrence. Quoiqu'il arrive, c'est un nouveau président (ou une nouvelle présidente) de l'Ordre qui prendra ce dossier en main à la rentrée. « Il y a un changement de gouvernance, mais l'avion n'est jamais sans pilote », souligne Jean Parrot, président de l’instance jusqu'au 29 juin. Il donne, quoiqu'il en dise, le sentiment de vouloir frapper fort une dernière fois sur cette question sensible de l'éthique pharmaceutique. Une question emblématique pour l’Ordre, car un déni de l'institution pourrait, selon elle, ouvrir la boîte de Pandore.
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