Le Quotidien du pharmacien. – Doit-on distinguer les oligo-éléments des minéraux ?
Loïc Bureau. – Oui car ces composants relèvent de champs de santé différents. Toute la difficulté réside dans le fait de définir une frontière entre oligothérapie et supplémentation nutritionnelle. Le plus simple est de considérer l'élément comme point de départ. On peut en distinguer trois types : le macro-élément auquel s'apparentent des minéraux comme le sodium, le potassium, le magnésium, le calcium, le phosphore, nécessite un apport de l'ordre du gramme ou de la fraction de gramme en termes de besoin physiologique ; l'oligo-élément tel le fer, le manganèse, le zinc ou le cuivre, répond à des apports de l'ordre du milligramme ; l'élément-trace, dont les plus courants sont le sélénium, l'iode, le chrome, s'évalue pour sa part en centaine de microgramme (0,1 mg). Cette classification est arbitraire et n'a rien d'officiel mais elle permet de distinguer la micronutrition, pour laquelle l'apport pondéral est une référence, de l'oligothérapie, selon laquelle la quantité n'intervient pas forcément.
Classer un élément selon un dosage physiologique peut pourtant porter à confusion… ?
En effet, dans le cas du sélénium, les apports nutritionnels recommandés sont de l'ordre de 50 microgrammes par jour, une dose infime qui pourrait ranger l'élément dans le champ de l'oligothérapie. Contrairement au magnésium, par exemple, les doses de sélénium sont de même ordre en micronutrition et en oligothérapie.
Comment le pharmacien peut-il construire un conseil basé sur l'oligothérapie ?
Il existe une population adepte de cette discipline. Pour répondre à sa demande, il faut référencer une gamme complète d'oligo-éléments. Mais il est difficile de raisonner en terme « une substance pour un effet » dans le cas de l'oligothérapie car les oligo-éléments ont des effets « multicibles ». Par exemple, le zinc intervient dans plus de 200 réactions enzymatiques. Malgré tout, on peut garder en tête quelques contextes qui justifieront un apport en oligo-éléments pour le patient : le sélénium pourra être proposé dès qu'un individu est exposé à des facteurs de stress oxydatif (pollution, tabagisme, diabète, cholestérol…) ; le chrome est indispensable à la physiologie de la régulation du glucose, notamment au niveau des transporteurs (maladies métaboliques, terrains propices au diabète de type 2) ; l'iode intervient dans la régulation du métabolisme de base par le biais de la thyroïde (obésité, surcharge pondérale, maladies métaboliques).
Que faut-il retenir, au final, sur l'oligothérapie ?
Cette médecine des fonctions est une théorie dogmatique qui entend stimuler les fonctions de l'organisme. Elle appartient au champ des médecines alternatives et complémentaires et se propose d'intervenir sur un terrain et non une pathologie. Elle n'est pas reconnue aujourd'hui car pas scientifiquement validée. Il vaudrait mieux l'aborder par ses vecteurs, les oligo-éléments, plutôt que de l'envisager sous l'aspect d'une discipline bien définie.
*Institut de formation des acteurs de santé.
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