LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Quels seront les temps forts de l’assemblée générale de votre association qui se tiendra ce week-end à Nancy ?
BENOÎT THIEBAUT. - L’un des temps fort sera l’atelier consacré au médicament vétérinaire. C’est un nouveau rendez-vous que nous avons souhaité instaurer. Il s’agira d’un atelier pratique dont l’objectif est d’apporter des réponses sur la façon de développer un rayon vétérinaire. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, peu de confrères ruraux ont mis en place ce type de rayon dans leur officine, alors même qu’il représente un potentiel important de développement du chiffre d’affaires.
Il y aura également la présentation de notre étude réalisée en collaboration avec la société Celtipharm sur la désertification médicale et ses conséquences. L’idée est de comparer les résultats avec notre précédente enquête réalisée en 2009 et de tenter d’en tirer des conclusions pour les années à venir. Ce sera également l’occasion de présenter et de débattre avec les adhérents de notre projet « d’officine dédiée de proximité ».
Pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste ce projet ?
Il s’agit de faire que tout patient domicilié dans un village ayant perdu son dernier prescripteur, ou résidant dans une commune appartenant à la zone de chalandise d’une officine, soit tenu de se faire dispenser ses médicaments remboursables par cette seule pharmacie. Dans le cas contraire, il serait moins bien remboursé.
Quelles ont été les premières réactions des confrères à votre proposition ?
Les premiers échos sont plutôt positifs. Nous n’en n’avons pas encore débattu, mais ils semblent d’ores et déjà ravis que l’on envisage une solution à la désertification médicale. Ils se sentent moins abandonnés. D’autant que le phénomène devrait s’amplifier. On estime que 20 % des 9 000 officines rurales pourraient être confrontées à ce problème dans les cinq ans à venir.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que votre proposition entrave la liberté de choix de son professionnel de santé et représente une rupture d’égalité des citoyens et des pharmaciens devant la loi* ?
Il ne s’agit pas d’une entrave, même s’il est vrai que cela représente une légère perte de droit des patients. Mais si les officines rurales disparaissaient complètement, l’inégalité d’accès aux soins serait encore plus patente. Il est donc essentiel, à nos yeux, de conserver des officines dans certaines zones. Notre idée est de mettre en place un système comparable à celui du médecin traitant, c’est-à-dire que si un patient souhaite aller dans une autre pharmacie que celle de son village, la prise en charge de ses médicaments par l’assurance-maladie sera moindre. Notre proposition s’inscrit dans une démarche de défense de l’intérêt général : préserver plusieurs milliers de pharmacies dans l’intérêt des malades. Beaucoup d’entre eux se retrouveront sans praticiens et n’auront même plus le choix de leur médecin traitant.
Ne pensez-vous pas que la mise en place d’une loi de répartition démo géographique pour les médecins, comme elle existe pour les officinaux, pourrait également être une solution ?
Dans l’absolu, ce serait en effet l’idéal pour préserver le réseau officinal. L’inconvénient majeur est que les médecins ne sont pas prêts à s’y soumettre. Et il me semble très difficile de leur imposer des choses qu’ils ne veulent pas.
Et que pensez-vous de l’idée de nationaliser les officines rurales pour préserver l’offre pharmaceutique de proximité, avancée par certains confrères (« le Quotidien » du 16 mai) ?
Pour moi, c’est clair, je suis contre. Je considère que la nationalisation des officines représenterait une perte d’indépendance et de liberté du titulaire. Le pharmacien est un professionnel de santé libéral et il doit le rester. C’est pourquoi nous avons envisagé une autre solution au travers de notre idée « d’officine dédiée de proximité ».
Qu’attendent les pharmaciens ruraux du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) dont les conclusions sont attendues dans les prochaines semaines ?
Nous avons nous-même été auditionnés par les inspecteurs de l’IGAS. Comme les autres organisations professionnelles, nous souhaitons bien entendu voir évoluer notre mode de rémunération, mais en gardant le système de la marge actuel, même si le seuil de la première tranche doit être réévalué. Pour moi, les honoraires doivent représenter une rémunération supplémentaire permettant d’apporter une bouffée d’oxygène. C’est notre principale préoccupation. Car, aujourd’hui, les officines rurales ne sont pas épargnées par la crise économique. Comme le reste du réseau, les trésoreries sont de plus en plus tendues et l’impact des grands conditionnements se fait de plus en plus sentir. Le rapport de l’IGAS devrait également nous permettre de faire évoluer notre métier vers d’autres spécificités. Par exemple, le pharmacien correspondant doit trouver son aboutissement. Je pense aussi à la dispensation des médicaments à domicile pour les pathologies lourdes.
Où en est le décret sur les préparations des doses à administrer ?
À Pharmagora, Xavier Bertrand avait annoncé que la publication de ce texte était imminente. Mais, on l’attend toujours. Quoi qu’il en soit, cela ne me dérangerait pas d’attendre encore un peu, si j’étais sûr que la publication du décret soit assortie d’une rémunération pour la préparation des doses à administrer. C’est un enjeu pour les pharmacies rurales. Environ 5 000 d’entre elles fournissent les médicaments à une maison de retraite. Perdre ce marché, ce serait un nouveau coup dur pour les officines rurales.
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