Le parcours de soins est souvent jalonné d’embûches médicamenteuses : communication non exhaustive des traitements pris par le patient, observance, conservation ou administration inappropriées. Autant de facteurs qui menacent le confort et la sécurité du patient.
C’est pour prévenir ces dangers que la MAIA Nord-Dordogne* a engagé une expérimentation originale de conciliation médicamenteuse avec l’OMEDIT** Aquitaine et les représentants des professionnels de santé (Ordres, URPS, établissements de soins…) présents sur son territoire rural à population âgée.
Côté pharmacien, la cheville ouvrière du projet est Jean-Baptiste Chemille, titulaire d’une officine à Thiviers, et membre de l’URPS : « Nous avons la chance de travailler avec une MAIA qui nous a donné carte blanche et les moyens techniques pour fonctionner, souligne-t-il. Dès le début, chacun a été reconnu comme un expert de son domaine : la clinique et la prescription pour le médecin, le médicament pour le pharmacien, les soins et la connaissance du domicile pour l’infirmière. Nos lignes directrices ont été : partage de compétences, de connaissances et simplicité des outils à mettre en place. » Associé à un généraliste et à une infirmière, il a planché de longs mois sur ces nouveaux outils de conciliation médicamenteuse.
Clé USB
Premier outil : une clé USB chargée d’une foule d’informations sur le bon usage du médicament (thesaurus des interactions), la prise en charge médicamenteuse du patient âgé, les chimiothérapies orales (avec des fiches pratiques à imprimer pour le patient lui-même), des référentiels sur les modes d’administration, la broyabilité ou la sécabilité des médicaments, leur conservation (hygro, photosensibilité…), etc. Cette clé USB a été offerte à tous les professionnels de santé du secteur.
En complément, trois fiches de liaisons rédigées par le pharmacien ont été créées :
- l’opinion pharmaceutique, qui présente l’expertise du pharmacien face à l’ordonnance du patient. Fournie au médecin et à l’infirmière, cette fiche vise à optimiser la prescription (posologie, moment et mode de prise conseillée, effets et nature des principes actifs…) et pointe les événements à surveiller.
- l’intervention pharmaceutique : en cas de problème ou de risque perçu dans le traitement, le pharmacien suggère une surveillance (analyses), un changement dans le mode d’administration, la forme galénique, voire l’interruption temporaire d’un médicament, son arrêt ou son remplacement…
- Une fiche domicile rédigée en termes simples, elle doit être comprise (et suivie) par l’aide-soignant, le patient et ses aidants. Y sont présentés : nom du médicament, heure de prise, quantité, effets indésirables à signaler, conseils hygiénodiététiques, modes de conservation…
Enfin, une fiche sur le domicile du patient est établie par le personnel de la MAIA. Elle indique : lieu de stockage des médicaments, éventuels surstockages ou anomalies constatées, type de pilulier… Cet audit est soumis au pharmacien qui peut apporter ses conseils, voire effectuer lui-même une visite à domicile.
Engagée depuis deux mois, cette expérimentation concerne 141 patients, adressés par les professionnels de santé et les établissements de soins en raison de leur besoin d’accompagnement (âge, lourdeur du traitement, difficulté à le gérer, environnement social…).
La qualité et la simplicité de la démarche séduisent, mais se heurtent à un problème de taille : l’absence de rémunération. « Nous avons démarré sur la base du volontariat, indique Jean-Baptiste Chemille. Mais les expertises prennent du temps. Comment fera-t-on quand le réseau montera en puissance ? »
Innovant, basé sur des outils simples et duplicables, générateur d’économies et de sécurité pour le patient, ce réseau mériterait bien un petit coup de pouce.
** Observatoire des Médicaments, des Dispositifs Médicaux et de l’Innovation Thérapeutique.
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