MARIO MONTI, pourtant encensé par les Européens (mais surtout par les Allemands) a été battu à plate couture dans ces élections, en remportant moins de 10 % des voix. Il aurait pu s’y attendre : ce ne sont pas les compliments d’Angela Merkel à propos du redressement de l’économie italienne qui l’ont rendu plus populaire. En se jetant, une fois de plus, dans les bras de deux populistes, l’indescriptible Silvio Berlusconi, sphinx qui renaît perpétuellement de ses cendres, et Beppe Grillo, dont le programme pourrait s’appeler « Comment finir de ruiner l’Italie », les Italiens ont voulu démontrer qu’ils ne veulent pas de l’austérité et qu’ils se moquent comme d’une guigne de leur dette de 2 000 milliards d’euros.
M. Monti aurait dû rester en réserve de la République italienne et, peut-être, jouer une fois de plus le rôle du recours. Mais peu importe. Il ne s’est pas trop plaint de son sort, sauf pour dire qu’il avait fait ce que l’Union européenne attendait de lui, rétablir la crédibilité financière de son pays et, par voie conséquence, contribuer au sauvetage de l’euro. Mais qu’on l’a laissé seul pour accomplir cette tâche, qui lui a valu la haine d’une majorité d’Italiens, alors que, ailleurs, c’est-à-dire en France, le gouvernement reconnaît déjà qu’il n’atteindra pas l’objectif d’un déficit de 3 % du produit intérieur brut (PIB) et qu’il lui faut plus de temps pour parvenir au déficit zéro. Aussitôt la Commission de Bruxelles a abondé dans le sens des dirigeants français. Elle évitera sans doute de prononcer des sanctions contre la France. M. Monti n’est pas content de ce que l’Italie soit la seule à obtenir des résultats, pendant que la France, l’Espagne (en dépit d’efforts très douloureux) et la Grèce sont encore à la traîne en ce qui concerne l’assainissement de leurs comptes.
François Hollande, dont la popularité est tombée à 30 % selon un sondage TNS Sofres publié le 28 février, observe sans doute la crise politique italienne avec inquiétude et embarras : lui aussi est lancé dans un plan de hausse accablante des impôts et, comme la stagnation économique limite les recettes, il s’estime contraint d’augmenter encore la pression fiscale. Il constate que ses mesures d’austérité, même si avec une naïveté très répandue chez nos gouvernants, qu’ils soient de droite ou de gauche, il refuse de prononcer le mot, expliquent son impopularité et celle de son gouvernement. Il observe qu’un dirigeant qui cède à la réalité et prend des mesures de rigueur est aussitôt voué aux gémonies par la population, dont la majorité ne comprend rien à un endettement si énorme qu’elle ne peut même pas l’imaginer. Il peut penser que l’indulgence de l’UE à l’égard de la France n’est pas suffisante et que, partagé entre les exigences du réalisme le plus élémentaire et la menace d’une révolte sociale, il serait préférable qu’il laisse un peu plus filer le déficit.
Séparatisme, populisme, fascisme.
Ce serait, bien sûr, suicidaire. Toute la question porte sur l’intérêt de la France et l’intérêt du pouvoir. La France n’est pas l’Italie. On n’y refait pas des élections chaque année jusqu’à ce qu’une majorité se dégage. M. Hollande, quoi qu’il arrive, dispose de tous les instruments institutionnels pour se maintenir à son poste jusqu’en 2017. Ce qu’il craint, c’est que son pays soit tout aussi ingouvernable que l’Italie, même si le pouvoir à Paris n’est pas politiquement menacé. La crise économique et financière a donné des coups de boutoir très violents à l’Europe. Un peu partout, on assiste à une montée de l’extrême droite ou du populisme d’extrême gauche, à un mouvement centrifuge qui menace l’unité de l’Italie, de l’Espagne et de la Grande-Bretagne, à des assauts violents contre le « système », celui de la démocratie parlementaire qu’il faut abattre. N’est-ce pas ce que veut Beppe Grillo, quand il refuse de participer à une coalition de gouverment ? En France, l’impopularité de la gauche au pouvoir ne semble guère profiter à la droite. Demain, aux municipales, le Front national risque de faire un score élevé, de même que les communistes et les mélenchonistes. Ce n’est sûrement pas un hasard si Grillo est aussi un antisémite notoire. La bonne vieille méthode qui consiste à désigner un bouc émissaire pour les maux nationaux continue à faire recette. M. Hollande ne saurait être indifférent à de tels dangers.
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