Une trésorerie qui se vide de jour en jour, des heures passées en vain au téléphone, neuf emplois et l'avenir d'une officine en sursis… Alexandre Bonnuit, titulaire à Rambouillet, n'aurait jamais pu imaginer qu'un imbroglio administratif puisse être aussi lourd de conséquences.
Après avoir racheté la licence d'une consœur, il s'installe dans ses nouveaux locaux le 13 janvier dernier. Premier problème : il reçoit le certificat d'inscription, demandé pourtant à l'Ordre dès le 21 octobre 2019, plus de trois mois plus tard, soit le 28 janvier, quinze jours après son installation. « Je le leur réclamais pourtant tous les jours, soupire-t-il. Résultat, j'ai travaillé pendant deux semaines sans aucune existence légale. L'Ordre n'y voyait pas d'inconvénient et m'a même recommandé de le faire en me précisant que s'il y avait un problème, il me couvrirait. »
Mais Alexandre Bonnuit va ensuite être confronté à un incident encore plus ennuyeux. « J'attendais la réception de mes cartes CPS, mais l'Ordre a transmis la mauvaise adresse à la caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) et à l'ASIP Santé (l'organisme qui édite les cartes). » Les cartes CPS seront donc envoyées à son ancienne adresse, dans le Val-de-Marne, où il ne vit plus depuis dix ans, et non à Rambouillet. Expédiées au mauvais endroit, les cartes sont, de plus, totalement introuvables aujourd'hui. Sans ses nouveaux documents, toutes les télétransmissions sont désormais refusées. « Jusqu'au 2 février, je pouvais utiliser mes anciennes cartes Finess. Mais depuis cette date, elles sont bloquées. C'est à ce moment que j'ai compris qu'il y avait un problème. » Il n'est pas au bout de ses surprises. « Je recontacte l'Ordre pour qu'on me renvoie les cartes CPS, mais on me précise alors que le délai de fabrication est d'environ un mois et qu'il est incompressible. »
Une avance de trésorerie finalement possible
Alexandre Bonnuit ne peut se permettre d'attendre aussi longtemps, Entre le 2 et le 11 février, le préjudice atteindrait 65 000 euros selon ses calculs, uniquement sur les médicaments remboursables. « Si je récupère des cartes CPS d'ici à 10 jours, comme la CPAM des Yvelines me l'a indiqué, cela pourrait grimper à 150 000 euros », a-t-il calculé. L'officinal s'interroge autant qu'il s'inquiète. « J'ai essayé d'appeler la CPAM Pro mais malgré près de 8 heures d'attente au téléphone, je n'ai pas réussi à parler à quelqu'un », déplore-t-il sans baisser les bras pour autant. « J'ai pris contact avec la députée de ma circonscription dans l'espoir qu'elle puisse accélérer les choses. » Contactée le 11 février, l'assistante de la députée (LaREM) Aurore Bergé a, semble-t-il, déjà su faire preuve d'efficacité. « Depuis, j'ai reçu des documents dans lesquels l'Ordre et la CPAM reconnaissent leurs erreurs. Avant l'intervention de cette assistante parlementaire, on m'expliquait qu'une avance de flux était impossible. Aujourd'hui, ils se sont engagés par courrier à me faire une avance de trésorerie correspondant à ma perte actuelle et future. »
Depuis une alerte postée sur les réseaux sociaux, il reçoit également des témoignages de confrères qui ont eux aussi été victimes de lourdeurs administratives. « Des fautes d'orthographe sur les noms, des courriers qui mettent un temps incroyable à arriver, voire qui se perdent… je me suis rendu compte que j'étais loin d'être isolé. » Dans son malheur, il se réjouit au moins d'avoir pu compter sur un bel élan de solidarité venant des autres officinaux, nombreux à lui écrire sur les réseaux sociaux, mais aussi de commerçants de Rambouillet.
Il y a quelques jours, le pharmacien yvelinois a également reçu, par courrier, le montant des cotisations dont il devait s'acquitter. Cette fois, « l'Ordre ne s'était pas trompé d'adresse », fait-il remarquer.
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