ANDRÉ MAUROIS voyait ici « un golfe indigo que borde un cirque de hauts rochers d’or ». Quand le soir délivre la capitale de la canicule, les habitants de La Valette viennent dans les jardins d’Upper Barrakka, qui surplombent le port et la rade. Sous les arceaux de pierre de la terrasse panoramique fleurie de lauriers-roses, ils contemplent le couchant qui enflamme les remparts et les dômes des églises. La Valette est la capitale d’un « petit pays de la grande histoire », à la croisée des chemins de l’Europe et de l’Afrique.
En 1530, les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean – moines hospitaliers des croisades chassés de Jérusalem, de Chypre et de Rhodes – s’installent sur cette nouvelle terre, cédée en fief par Charles Quint en échange d’un faucon. La croix blanche de Malte à huit pointes défie alors le croissant de l’islam. En 1565, Maltais et chevaliers résistent farouchement au Grand Siège de Soliman le Magnifique. Sitôt les Ottomans en déroute, le grand maître français Jean Parisot de La Valette dresse en quelques jours les plans de la citadelle qui portera son nom. Une cité de gentilshommes bâtie par un esthète. À la fois soldats de Dieu, brillants médecins et mécènes flamboyants, les Hospitaliers inventent un art de vivre à la maltaise qui suscite des jalousies. Bonaparte gouverne cette « île au trésor » de 1798 à 1800, les Anglais jusqu’en 1964. Dix ans plus tard, la République est proclamée.
Les conquêtes successives des puissances maritimes de la Méditerranée ont forgé une culture particulière. Et même un état d’esprit qui se résume par un savant cocktail : deux tiers de convivialité latine pour un tiers de retenue british, plus un zeste de mystère. Bastion de la chrétienté, Malte s’est embellie de riches églises, au nombre de 365, dit-on. La Valette se visite en flânant à pied. Les façades méditerranéennes, ocre ou vertes, devant lesquelles des cabines téléphoniques londoniennes léguées par les Britanniques montent la garde, cachent des architectures de toute beauté : la citadelle des Chevaliers, la cathédrale Saint-Jean et son fastueux décor baroque, le Palais des grands maîtres, les Auberges des langues, à la fois couvent, caserne et forteresse. Autour de Merchant’s Street, des rues entières de bijouteries ruissellent de chaînettes, de médailles et de croix de Malte. Les magasins de souvenirs croulent sous les nappes en lin incrustées de dentelles et les vases phéniciens bleu turquoise. Face à La Valette, les « trois cités », Vittoriosa, Senglea et Cospicua, étaient le quartier général historique des Chevaliers à leur installation dans l’île. À Vittoriosa, notamment, subsistent les premières Auberges des langues, le palais de l’inquisiteur et le fort Saint-Ange.
Visite à Mdina, au centre de l’île. Dressée sur une hauteur, l’ancienne capitale domine une terre ocre et grise, piquetée par des pins-parasols et des lauriers-roses. Sitôt franchie la porte de la citadelle, les visiteurs s’évanouissent dans un dédale de rues étroites et désertes. Siège de l’évêché de Malte, la cité respire au rythme des cloches de sa cathédrale baroque?; près du couvent des bénédictines, les grandes familles de la noblesse maltaise vivent discrètement cloîtrées dans leur palais?; des fiacres qui promènent au prix fort les touristes surgissent à tout instant du labyrinthe des ruelles.
Paradis vert.
Situé à 92 km de la Sicile, le minuscule archipel maltais se compose des îles de Malte, Gozo, Comino et de quelques îlots inhabités. Superficie totale : 316 km2. À Comino vivent quelques familles isolées. Quant à l’île de Gozo, avec ses hautes falaises, c’est le paradis vert de l’archipel. En fin de semaine, les Maltais s’y rendent en villégiature, après vingt minutes de traversée, comme s’ils partaient à l’étranger. Ses paysages de terre de Sienne épousent la courbe des vallons plantés de vignes bien dessinées et détourent les terrasses coiffées d’églises. Ici, on trouve la trace des premiers habitants de Malte. C’était il y a plus de cinq millénaires. Ils ont laissé les temples de Ggantija, considérés comme l’un des sites archéologiques les plus importants du monde. La taille des mégalithes est si imposante que les insulaires prétendent aujourd’hui encore qu’ils ont été construits par des géants.
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