« SI TU FAIS pharmacie, nous te prendrons en stage, tu as le bon profil pour l’officine ! » C’est sur ces quelques mots lancés par les parents d’un ami que la carrière de David Thierry a pris son envol. Ce fils de militaire et d’institutrice, né à Nîmes il y a 42 ans, hésitait encore entre la pharmacie et l’enseignement des mathématiques lorsqu’il a rencontré ce couple de pharmaciens. « Ils m’ont convaincu que c’était une profession d’avenir et m’ont orienté dans mon choix », explique ce touche-à-tout qui a roulé sa bosse de Besançon à Lyon en passant par le Canada.
Il faut dire que son frère aîné est lui-même en cinquième année de pharmacie. Esprit de famille oblige, il prend David sous son aile, et le présente à des copains de promo plus âgés qui l’accompagnent pendant ses années d’études à Besançon. « L’étude des médicaments et la pharmacologie avaient ma préférence. J’étais passionné par les effets des thérapeutiques, le pouvoir des molécules qui se libèrent et produisent un résultat global sur la physiologie d’un être humain. » Joueur dans l’équipe de rugby de la fac, il devient président de l’association des étudiants en pharmacie de Besançon, et profite de cette tribune pour faire un peu de lobbying auprès des instances de l’université. « Nous étions en lien avec l’association nationale des étudiants en pharmacie de France, et cela nous permettait de porter haut la voix de nos camarades sur des questions d’évolution de statut, d’études… »
Mais l’étudiant à la bougeotte : il file au Canada effectuer son stage de 5e année dans un hôpital à Montréal, et travaille sur le modèle québécois de la pharmacie clinique. De retour en France, il s’installe à Lyon où il envisage une carrière dans la répartition ou dans l’industrie. Une nouvelle rencontre va changer la donne. Il fait son stage de sixième année dans la pharmacie de Raphaël Moreau, à la Croix Rousse, une expérience qui va lui donner la vocation de l’officine : « J’ai rencontré un véritable pharmacien chef d’entreprise qui évoluait dans une sphère très structurée. Il m’a donné le goût du comptoir et la fibre entrepreneuriale. » Après plusieurs expériences dans des officines de la région lyonnaise, il se lance et reprend une pharmacie à Pont de Chéruy, près de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry, en association avec son frère aîné. « Depuis l’installation, nous n’avons eu de cesse de la pérenniser et de la développer. » En 2006, il s’associe avec Vincent Dumenil, formé à l’école de l’industrie pharmaceutique : ensemble, ils effectuent de gros travaux et créent au-dessus de l’officine deux étages desservis par un ascenseur, afin de fonder une maison de santé pluridisciplinaire. « J’ai constaté qu’il existait un déficit important de médecins généralistes dans notre région, et j’ai pensé qu’il serait intéressant de réunir les professionnels de santé pour travailler ensemble. » C’est ainsi qu’un médecin généraliste, une podologue, deux ostéopathes, une psychologue, un infirmier et un diététicien ont rejoint le projet, et exerceront dans cette maison de santé à partir de janvier 2012. « Dépistage du diabète, participation aux campagnes de vaccination publique…, nous aurons l’opportunité de mener plusieurs actions de prévention, de diagnostic, de suivi ou d’éducation thérapeutique. » En attendant l’ouverture, David Thierry a d’autres fers au feu. En 2008, avec plusieurs confrères, il crée le groupement Rhône Vallée Pharmacie pour développer un nouveau modèle de réseau orienté vers l’accueil et la satisfaction du client.
L’expérience de la maladie.
Derrière l’hyperactivité de David Thierry se cache cependant une fêlure personnelle, qui l’aide à mieux comprendre les malades qu’il voit quotidiennement. À 34 ans, il se retrouve subitement en insuffisance rénale terminale et doit être dialysé pendant un an. Ce n’est pas cette épreuve qui l’arrête. Malgré trois séances éprouvantes de 4-5 heures par semaine, il continue à travailler. « Ma famille a été formidable. Ils se battaient pour me donner un rein ! Mais c’est la science qui a décidé : mon père s’est trouvé être la personne la plus compatible. » David Thierry entre à l’hôpital Édouard Herriot en 2004 pour recevoir la greffe. Las ! Trois jours après, la suture reliant l’artère iliaque au rein lâche, il tombe en arrêt cardio-respiratoire… Descendu au bloc en urgence, il est réanimé et, après deux semaines, le nouveau rein fonctionne correctement. « C’est ainsi que j’ai développé une bonne compétence dans la dialyse et dans les traitements immunosuppresseurs post-greffe que j’essaie de faire partager. D’abord en entourant mes patients dialysés, greffés rénaux hépatiques ou cardiaques, ensuite en formant mes pharmaciens adjoints, enfin, en témoignant de mon expérience auprès d’associations comme l’UTIP afin de faire progresser la prise en charge globale des patients greffés ou insuffisant rénaux. »
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