La parfaite stabilité (-0,05 % en valeur, -0,07 % en volume) dont témoigne le marché des veinotoniques de juillet 2018 à juillet 2019 rompt avec plusieurs années de décroissance. Ce secteur, dominé par les phlébotropes au statut de médicament, voit les formules à base de plantes se multiplier, sous le statut de compléments alimentaires. Un effet largement impulsé par les vagues de déremboursement qui ont touché, jusqu'en 2008, le segment des veinotoniques remboursés en reportant une fraction de la demande sur la nutrithérapie vouée à soulager les jambes lourdes.
Les produits qui en relèvent forment aujourd'hui un segment à part entière que certains jugent particulièrement dynamique. C'est le cas de Mathieu Favre, responsable marketing au sein du laboratoire Les 3 Chênes. « Ce marché est en pleine expansion depuis quatre à cinq ans. Fortement nourri par le processus de déremboursement, il est à présent investi par de nombreuses marques qui confirment son évolution et en font un secteur porteur. »
Vers des phytomédicaments ?
La demande saisonnière auquel le marché répond, plus particulièrement avant l'été, est secondée d'un besoin constant de prise en charge qui provient de patients aux profils spécifiques : personnes âgées souvent moins mobiles, travailleurs debout toute la journée en situation de piétinement, personnel des avions, femmes enceintes… « Inutile d'expliquer ce qu'est un produit à effet veinotonique, poursuit Mathieu Favre. Le public est informé et connaît leur action. On est désormais plus dans une démarche de fidélisation que de prospection. »
Les extraits de plante favorisant le retour veineux ne sont pas inconnus. Certains bénéficient même d'une importante notoriété comme la vigne rouge, le marronnier d'Inde, le fragon, le ginkgo biloba… « Un terme récurrent émerge pour désigner ces produits à base d'extraits naturels qui ont des revendications en matière de santé. De plus en plus de pharmaciens parlent de « phytomédicaments » pour désigner ces traitements naturels qui sont reconnus par le public comme ayant le même effet que les phlébotropes ou les purs produits de phytothérapie. » C'est ainsi que se présentent Lymphaveine et Veinaxyne, deux complexes de plantes au statut de complément alimentaire associant 16 actifs pour agir sur la circulation veineuse et lymphatique ainsi que sur la fonction hépatique (radis noir) et la protection cellulaire. Produits de conseil à l'officine, ils visent des populations différentes (consommateurs de veinotoniques, d'une part, profils actifs et sportifs, d'autre part). « Nous avons privilégié les compositions naturelles car c'est un atout majeur sur le marché des veinotoniques, rappelle Mathieu Favre. Les grands laboratoires s'orientent de plus en plus vers ces alternatives. » En témoignent Pileje et son complexe micronutritionnel Angiobiane, ou Santé Verte qui référence les compléments alimentaires des gammes Circulymphe Jambes légères et Circulymphe Complexe H…
Moins contraignantes en termes d'effets secondaires, disposant d'une bonne biodisponibilité en raison de molécules facilement assimilables, ces combinaisons d'extraits végétaux revendiquent leurs atouts.
Second segment de la phytothérapie
Pour Jocelyn Petit, responsable du département de phytothérapie chez Arkopharma, la naturalité des formules veinotoniques est partagée par la majorité des acteurs du marché, phlébotropes compris. « La plupart des références sont composées à base de flavonoïdes issus de plantes, fragon ou vigne rouge le plus souvent. » La référence phare d'Arkopharma, Arkofluide Jambes légères est un complexe associant vigne rouge marronnier d'Inde, Hamamélis et fragon. Elle est secondée par l'action des Arkogélules composées de poudres intégrales de plantes (Totum) sous forme de mono-plante. Toutes ont un statut de complément alimentaire, sauf la référence Arkogélule marronnier d'Inde qui possède une AMM. Veinoflux, complément alimentaire à base de vigne rouge, reine-des-prés, fragon et vitamine B2, vient compléter l'offre du laboratoire en matière de circulation veineuse. « Ce qui caractérise une formule de phytothérapie, c'est la pureté de la composition. Là où un médicament veinotonique va cumuler actifs et excipients, une Arkogélule, le plus souvent, ne sera composée que du totum de la plante qui lui garantit une richesse optimale en actifs. » En termes de biodisponibilité, d'effets secondaires et de spectre d'action, ces formules de phytothérapie (monoplantes et fluides) sont gagnantes selon Jocelyn Petit. Du moins ont-elles des arguments à faire valoir, incluant pour certaines celui de la double indication veinotonique et antihémorroïdaire comme peut s'en prévaloir le marronnier d'Inde. C'est aussi le cas du médicament de phytothérapie Cyclo 3 Fort (Naturactive) formulé à l'aide d'extrait de petit houx. Veinotonique et vasculoprotecteur, il est indiqué dans le traitement des troubles de la circulation veineuse et des signes fonctionnels liés à la crise hémorroïdaire.
Cette offre naturelle - qui inclut Antistax, médicament de phytothérapie à base de vigne rouge (Sanofi) ou les comprimés et solution buvable Jouvence de l'Abbé Soury (Oméga-Pharma) formulés à base d'hamamélis (aux côtés de médicaments homéopathiques comme les granules Hamamélis composé de Boiron, qui relèvent de la prescription officinale ou médicale, ou la référence L28 chez Lehning) - répond à une clientèle fidèle, adepte des formules végétales, témoignant d'une conception holistique de la santé. Une demande suffisante qui permet aux gélules de plantes et associations d'extraits végétaux sous forme de fluides de constituer un segment stable, occupant plus de 11 % du marché des veinotoniques en valeur. Second segment derrière la vitalité, l'axe de la circulation ne paraît pas moins conséquent sur le marché global de la phytothérapie où il a généré 17,1 millions d'euros de chiffre d'affaires à fin août en cumul mobil annuel (source fabricants).
Les « historiques »
La réelle domination du marché des veinotoniques est cependant exercée par les spécialités veinotoniques, par ailleurs souvent formulées à base d'extraits de plantes. Daflon 500 (Laboratoire Servier), Ginkor Fort (Laboratoires Tonipharm), Endotélon (Laboratoire Cheplapharm), Esberiven (Laboratoire Centre spécialités pharmaceutiques), Veinamitol (Laboratoire Negma), Diovenor (Laboratoire Innothech) comptent parmi les principaux veinotoniques et vasculoprotecteurs. Généralement utilisés dans le traitement symptomatique des jambes lourdes, impatiences et autres troubles liés à une mauvaise circulation veineuse et lymphatique, ils sont aussi, pour la plupart, indiqués en cas de crise hémorroïdaire (sauf Endotélon). Un atout non négligeable si l'on considère qu'un Français sur deux est atteint d'hémorroïdes. Mais les spécialités veinotoniques ont d'autres arguments à faire valoir, à commencer par l'efficacité de leurs formules, comme le soulignent quelques-uns de leurs auteurs. La forte notoriété - parfois entretenue par des campagnes de communication régulières - dont certaines références bénéficient, est un autre levier de vente, d'autant plus important pour un segment qui a totalement basculé dans l'OTC à la suite de son déremboursement. Il devra également tenir compte de la présence des génériques (diosmine, troxérutine) qui se multiplient dans le champ OTC comme l'illustre parfaitement la Fraction Flavonoïque Purifiée (Mylan) classée en troisième position du marché, ou les comprimés Disomine Biogaran Conseil, en 10e position (IQVIA Pharmastat). Daflon (Servier), pour sa part, conserve sa place de leader et lance un dosage à 1 000 mg (fractions flavonoïques purifiées) pour prendre en charge la crise hémorroïdaire. « En 2018, Daflon est devenu le 4e produit OTC en valeur en France, annonce Jessica Obrun, chef de produit de la marque. Si le segment des spécialités veinotoniques est en déclin, il reste important. Dans le contexte plus large du Selfcare, le marché de la circulation occupe la 6e position en valeur. » Sachant qu'un Français sur trois est concerné par l'insuffisance veineuse et que 30 % seulement des patients sont traités, l'importance du conseil que peut fournir le pharmacien n'est plus à démontrer. « Nombreux sont les patients qui se rendent à l'officine afin de trouver des solutions efficaces. »
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