À la date du 14 mai, 61 médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM) sont en rupture de stock dans notre pays, selon les données de l'Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM).
Des tensions d'approvisionnement compliquent également l'accès à 43 autres médicaments pour lesquels il n'existe pas d'alternative thérapeutique disponible sur le marché français. Depuis 2016, les pénuries, ou risques de pénuries de médicaments, ne cessent d'augmenter. Alors que 400 signalements ont été enregistrés en 2016, 537 cas ont été recensés l'année suivante. Le Leem appelle notamment à favoriser la relocalisation des sites de production sur le Vieux continent, mais pour Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), le Leem ne va pas assez loin : « Tous les produits essentiels doivent être produits en Europe, y compris le paracétamol. Il faut une stratégie européenne, comme on l'a fait dans d'autres domaines, à l'image d'Airbus. » Le président de l'USPO juge l'ambition largement réaliste : « Nous avons le savoir-faire en Allemagne, en Espagne, en France, dans les pays de l'Est. On ne peut plus accepter d'être dépendant de la Chine au niveau des matières premières. »
Alors que les MITM regroupent actuellement 40 % des médicaments, le Leem préconise également l'instauration d'une nouvelle catégorie, plus restreinte : les médicaments d'intérêt sanitaire et stratégique (MISS), qui n'engloberaient, eux, que 5 à 10 % de la pharmacopée. Ces MISS feraient l'objet « d'obligations de sécurisation renforcée », censées limiter les risques de pénurie. « Il y a des ruptures pour tout, rétorque Gilles Bonnefond. Tous les médicaments sont importants pour les patients. Mettre en place des catégories, ce n'est pas la bonne idée. »
Réunion au ministère
Président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset partage cet avis. Pour lui, les priorités se trouvent ailleurs : « Il faut que l'ANSM mette à disposition des pharmaciens des listes d'interchangeabilité pour identifier rapidement les solutions de remplacement qui existent. Parfois, un médicament est absent dans une région, mais pas dans une autre. »
Optimiser le partage d'informations entre les pharmaciens responsables des laboratoires, créer une base de données centralisée sur la répartition des stocks des MISS, adapter l'encadrement de la distribution en cas de tension ou de rupture d'approvisionnement… Depuis l'annonce du Leem au mois de février, Gilles Bonnefond n'a en tout cas pas observé la moindre évolution : « Cela continue de se dégrader, rien n'a été amélioré. Le pharmacien perd du temps, il passe pour un nul, c'est inacceptable. » Philippe Besset attend, lui aussi, de voir de premiers effets, mais il espère surtout un investissement plus important du gouvernement sur ce sujet. « Le ministère de la Santé compte mettre en place un plan d'action, il a convoqué une réunion le 14 mai à ce sujet. J'espère que cela permettra de secouer le cocotier avant la réunion du G7 Santé ». Les 17 et 18 mai, en amont du G7 prévu fin août à Biarritz, sept ministres européens de la Santé doivent en effet se réunir et trouver des solutions pour « assurer un accès à la santé pour tous ».
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