CLAIRE BARNABÉ ne se souvient plus bien comment a commencé cette affaire, mais la pharmacienne de Crécy-en Ponthieu (Somme) apprécie ces grandes sorties mycologiques qu’elle anime dans la belle forêt voisine. Pour faire face au succès croissant, une sortie pouvant réunir plus de cent visiteurs, elle a même recruté Bruno Lefer, son associé, et d’anciens professeurs de la faculté d’Amiens. Au départ, elle s’était bien mêlée de ce qui ne la regardait pas : une personne d’un village voisin avait mené des écoliers cueillir des champignons. « Toutes leurs étiquettes étaient fausses », se souvient-elle. Cette même personne l’a amenée à l’office de tourisme de Crécy, qui, depuis cinq ans maintenant, organise les sorties mycologiques.
« Les visiteurs viennent de partout, informés par le bouche à oreille, certains s’inscrivent en août pour l’automne. Le but est de montrer ce qu’on trouve en forêt, pas forcément de cueillir pour manger. »
La forêt voisine, celle de Crécy, est une magnifique forêt domaniale picarde, peuplée essentiellement de chênes, de hêtres, et de charmes, une forêt entretenue, pas la meilleure pour les champignons. Les coupes sèches pratiquées depuis quelques années tarissent encore davantage la ressource.
« Cette année, avec la pluie, c’est en août que sont sortis les champignons, et en novembre, précise Claire Barnabé. Les dates de sortie, prévues longtemps à l’avance, en septembre et octobre, ne suivent pas toujours la nature ! » Mais la pharmacienne crécéenne ne se veut pas professeur : « Beaucoup de visiteurs sont des néophytes venant se balader, ils aiment les anecdotes. Leur montrer qu’un bolet peut être amer, voire toxique, ou que ce petit champignon va donner un goût aillé à leur omelette, satisfait leur curiosité. Une année, on a même rencontré une salamandre. »
« Je veux dire qu’il faut faire attention, ne pas hésiter à passer à la pharmacie pour mieux identifier un champignon. Mais ce ne sont pas non plus des sorties "prise de tête". Je dis parfois que je ne sais pas. Même si j’ai une formation de base que je complète. En fait, c’est sur le terrain qu’on apprend, il faut voir, sentir, goûter. Une odeur de linge mouillé, de patate crue, c’est plus parlant avec un champignon en main. »
Claire Barnabé attribue la curiosité des visiteurs, toujours plus nombreux, en particulier parmi les clients de sa pharmacie, à une volonté « de retour aux sources, tout en se promenant ». Elle prend garde cependant à ce qu’elle dit, sachant les dangers des champignons, « plus gros concentrateurs de métaux lourds, de matières radioactives. Mais nous ne sommes pas une société mycologique, on veut rester simple ». Elle a si peu la grosse tête d’ailleurs, que, cette année, elle s’est perdue en forêt avec tout son groupe. Elle n’a retrouvé sa route qu’en téléphonant à son chasseur de mari, qui a pu la remettre sur le droit chemin. Et lui a avoué, à l’occasion, son étonnement qu’elle ne se soit pas perdue plus tôt. Depuis tout ce temps !
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