Hirudotherapie

Les sangsues, une thérapeutique qui colle à l’actualité

Publié le 17/09/2013

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Utilisées depuis l’Antiquité et pourtant plus que jamais d’actualité, les sangsues constituent un réservoir thérapeutique toujours actif. Retour sur l’hirudothérapie, une médecine à part.

S’IL EXISTE sur le marché des préparations topiques à base d’extrait de sangsues et un anticoagulant de synthèse dérivé de l’hirudine naturelle, c’est surtout l’utilisation des sangsues vivantes qui connaît aujourd’hui un essor majeur.

Leur retour dans les services de chirurgie est récent mais ne se dément pas. Les vers hématophages sont utilisés pour améliorer le retour veineux et drainer les tissus, permettant ainsi d’attendre qu’une néovascularisation veineuse se mette en place. En pratique, la succion des sangsues stimule l’irrigation des tissus menacés de nécrose, favorise la restauration de l’anastomose des capillaires et accélère le processus de décongestion des hématomes et de désengorgement des greffons.

Douleurs arthrosiques.

Mais l’intérêt des sangsues ne s’arrête pas à la porte des blocs opératoires : elles sont aussi à l’ordre du jour dans le traitement des douleurs arthrosiques. Dans cette indication, l’hirudothérapie semble beaucoup plus efficace que les analgésiques ou les anti-inflammatoires, certains patients améliorant même leur mobilité.

Les substances que renferme la salive des sangsues font également l’objet d’une recherche active. Les perspectives sont nombreuses, notamment en chirurgie cardiaque ou dans la conception de stents actifs.

L’hirudothérapie est un traitement sûr, mais pas à 100 %. Si les réactions allergiques sont très rares, le principal risque reste infectieux puisque des germes sont présents à la surface des sangsues ainsi que dans leur tube digestif. C’est pourquoi certains spécialistes préconisent une décontamination extérieure, voire l’administration d’une antibioprophylaxie avant l’application des sangsues.

Avec la larvothérapie, qui utilise des asticots nécrophages pour soigner les plaies des tissus mous, l’hirudothérapie demeurera en marge des thérapeutiques disponibles parce qu’elle heurtera toujours nos sensibilités. Il aura fallu toute la force de l’evidence based medicine pour redonner leurs lettres de noblesse à ces traitements qui font pourtant des merveilles.

› LUCIEN ROULET