DANS LE CADRE d’une rencontre au Parlement européen sur les problèmes d’accès aux médicaments en Europe (voir encadré), le Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPEU), qui représente les intérêts des 400 000 officinaux européens auprès des institutions de l’UE, a présenté un rapport alarmant sur les ruptures de stock dans les pharmacies du continent. Ainsi, par exemple, les pharmacies britanniques, particulièrement touchées, enregistrent un million de ruptures de stock par an. La situation se retrouve à des niveaux variables dans tous les autres pays et concerne tous les médicaments, depuis les anticancéreux jusqu’aux simples comprimés d’antalgiques. Souvent imprévisibles, et toujours difficiles à gérer, les ruptures de stock désorientent les patients et entraînent des surcroîts de travail importants pour les professionnels : chaque pharmacie britannique passe en moyenne trois heures par semaine à tenter d’obtenir les produits qui lui manque ou à les remplacer. La situation est encore plus difficile dans les pays où les pharmaciens n’ont toujours pas de droit de substitution, relève le GPEU.
Aux Pays-Bas et en Italie, les associations professionnelles de pharmaciens ont mis en place des sites Web qui informent les officinaux sur les ruptures de stock en cours ou prévisibles, ainsi que sur leur durée, et les aident à gérer le phénomène avec le moins de conséquences possibles pour les patients. En Allemagne, c’est l’équivalent de notre Agence du médicament qui vient de créer un tel site, et le gouvernement envisage par ailleurs des mesures plus contraignantes pour diminuer le nombre de ruptures de stock.
Flux tendu.
Selon le GPEU, ces ruptures sont dues à des raisons multiples, dont, en premier lieu, la concentration croissante des sites de production, ce qui fait que toute défaillance a des conséquences beaucoup plus lourdes qu’auparavant. En outre, l’industrie travaille désormais en flux tendu, et les stocks et les réserves sont beaucoup moins importants qu’autrefois. Les réorganisations dans le secteur des grossistes ont aussi leur part de responsabilité, estiment les pharmaciens. De plus, les quotas nationaux établis par l’industrie pour lutter notamment contre les réimportations, mais aussi différentes mesures d’économie ou de rationalisation prises par certains pays, aggravent le risque de ruptures.
Les pharmaciens européens appellent donc les gouvernements à tenir compte de ce risque lorsqu’ils définissent leurs politiques de santé, qui devraient être fondées avant tout sur les besoins des patients, et non sur les seules économies. En outre, ils plaident pour la reconstitution de stocks au niveau national, et invitent les pays qui ne l’ont pas encore fait à reconnaître le droit de substitution pour les pharmaciens. Enfin, ils souhaitent que tous les acteurs de la chaîne du médicament, et notamment les grossistes, travaillent avec eux à la constitution de bases de données permettant de prévenir les ruptures de stock, mais aussi de mieux connaître leurs causes et leur durée prévisible.
À l’issue de la rencontre, le GPEU, l’association européenne des pharmaciens hospitaliers, eux aussi directement confrontés aux ruptures de stock, ainsi que l’association des pharmaciens employés dans l’industrie, ont remis aux autorités européennes une résolution commune reprenant l’ensemble de ces revendications.
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