IL N’Y A pas de vérité ultime dans le monde des robots rangeurs. Chaque fabricant a la sienne propre et il est parfois difficile de démêler ce qu’une vérité donnée a de bon pour soi. Démêler déjà l’intérêt d’acquérir un tel outil qui, sous le néologisme de robot rangeur, vient, en amont des robots (ou des machines mixtes associant un robot à un automate), assumer l’automatisation de la réception des commandes et leur rangement. La vision des fabricants quant à la nécessité de s’équiper est très variable. Pour certains, comme Meditech, c’est indispensable, pour d’autres, comme Mach 4, ces machines sont de fait très répandues, 90 % des robots délivrés par le fabricant à ses clients sont assortis d’un robot rangeur, ou chargeur, selon la terminologie choisie par les fabricants. Pour d’autres encore, l’intérêt n’est pas si évident et il est préférable d’étudier chaque cas avant d’en préconiser un, c’est le cas de Synergies Tecnilab. Pour Mekapharm, il n’y a que 10 % de pharmacies équipées du fait de la rentabilité, pas toujours au rendez-vous avec l’équipement de telles machines, pour ARX, la question de la rentabilité est également importante, il faut un seuil minimum de 2 millions d’euros pour qu’un tel choix tienne ses promesses au plan comptable.
Plus de temps à perdre.
Un point sur lequel tous les fabricants sont d’accord, est la motivation des pharmaciens qui les pousse vers les robots rangeurs : le confort que ces machines apportent les séduit puisqu’il suffit de « jeter » en vrac une commande réceptionnée dans le dit robot pour que les choses se fassent d’elles-mêmes : les équipes officinales n’ont plus besoin de perdre du temps à ranger, une tâche rébarbative et chronophage. « Ces robots ont vocation à remplacer une personne, affirme ainsi Vincent Deltour, directeur commercial de Meditech, et cela permet de rendre l’investissement rentable. » Que la personne en question soit affectée à d’autres tâches ou que son poste soit supprimé.
Le profil de l’équipe officinale peut être déterminant dans le choix d’un titulaire, une grande pharmacie employant un ou plusieurs logisticiens n’en aura pas forcément autant besoin qu’une équipe constituée uniquement de pharmaciens, préparateurs et préparatrices pour qui une telle machine n’est pas seulement une question de confort, mais aussi d’organisation. Sans compter l’intérêt de laisser la machine fonctionner quand la pharmacie est fermée, précise Vincent Deltour. Christian Pernoud, directeur commercial de Synergies évoque la configuration de l’officine, et en cas de délocalisation du stock, le robot rangeur peut permettre de laisser une personne derrière le comptoir sans avoir à parcourir des distances pour ranger. « Une telle demande est souvent liée au profil psychologique du pharmacien », explique pour sa part Olivier Resano, directeur commercial de Mekapharm. « Il est nécessaire de bien définir son besoin et ne pas répondre à un ressenti. » Une définition que tente François Legaud, directeur commercial d’ARX, qui s’exprime par rapport à sa propre offre.
« Le processus de vérification intégré dans notre robot rangeur ne permet pas d’aller au-delà d’une certaine vitesse, aux environs de 220 boîtes par heure, ce qui en soi est déjà bien, mais même des vitesses plus rapides, plus de 300 boîtes par heure par exemple, sont en deçà du système de rangement semi automatique de nos robots, de l’ordre de 300 boîtes en 25 minutes, qui, lui, demande l’intervention d’une personne pendant ce laps de temps. » Pour François Legaud, cet élément lié à la vitesse a son importance car une officine décidée à investir dans un robot rangeur devra intégrer le fait que pour certains produits, le temps de vérification du robot rangeur est plus long que celui d’une personne qui l’assume sur un mode semi automatique, ce qui signifie qu’il ne sera pas « vendable » aussi rapidement. « À ce moment-là, il est préférable d’utiliser ce système de rangement automatisé pour des commandes de génériques par exemple, produits pour lesquels les pharmacies ont toujours beaucoup de stock », ajoute François Legaud. A contrario, il ne convient pas à des commandes grossistes sur des produits à faible rotation. Le confort, dans ce cas, ne saurait se passer de cette réflexion. Pour Olivier Resano, cet aspect de disponibilité des produits est également très important : « Il arrive fréquemment que des boîtes livrées qui sont demandées au comptoir, soient inaccessibles car non encore rangées automatiquement mais dans le circuit du trieur. On arrive à des solutions où le trieur et/ou le robot arrivent à saturation, à savoir qu’ils ne peuvent répondre aux besoins de rangement et de délivrance nécessaires dans une journée. »
Mais ce qui est valable pour un fabricant ne l’est pas forcément pour d’autres. On est toujours dans la vérité de chacun. Les robots Rowa distribués par ARX sont conçus de telle manière qu’il y a une partie de rangement semi automatique, ce qui n’est pas forcément le cas chez d’autres fabricants, comme Meditech, dont les robots sont exclusivement des espaces de stocks automatisés, d’où la nécessité de disposer d’un robot rangeur. Les pharmaciens qui ont déjà équipé leur officine de robots mais pas de robot rangeur devront donc évaluer l’offre de leur partenaire s’ils désirent se doter d’une telle machine, puisqu’on est en environnement « propriétaire ». La question se posera plus volontiers lors d’un équipement global : faut-il oui ou non prendre l’option rangeur ? La réponse viendra d’une étude comparative entre l’offre de robots et le besoin de la pharmacie.
Gérer les anomalies.
Il n’y a donc pas à comparer les rangeurs disponibles les uns par rapport aux autres. Si comparaison il y a, elle se fera sur l’offre globale au sein de laquelle l’option rangeurs peut avoir son importance. Au plan technique, les fabricants font valoir certains arguments, la vitesse de rangement, mais celle-ci n’est pas si déterminante comme on a pu le voir. Du reste, il est là aussi difficile de comparer les chiffres déclarés par les uns et les autres, cela va de 150 à 350 boîtes par heure, sachant que sur ce secteur, il n’y a guère de standard de mesure officiel, ce qui rend la comparaison hasardeuse. L’efficacité d’un système de rangement automatique repose sur la façon dont la machine prend la boîte, l’oriente dans un espace afin de la scanner, puis la redépose et l’achemine vers sa destination. Il est également un élément auquel il faut accorder de l’attention, c’est la gestion des boîtes abîmées et des codes barre illisibles. « La définition même d’un chargeur, c’est de pouvoir l’oublier, et le laisser le gérer lui-même les différentes anomalies qui se présentent, il analyse tous les cas de blocage et ne s’arrête pas », explique Bertrand Juchs, directeur général de Mach 4. Ces anomalies sont certes en petit nombre, moins de 5 % de rejets selon Vincent Deltour, un chiffre qui a tendance à se réduire avec le temps. Mais actuellement, les codes Datamatrix illisibles ne sont pas rares d’où la nécessité de gérer le problème.
Meditech a par exemple créé une zone de rejet, il lui suffit de scanner une boîte d’un lot unique avec un code Datamatrix lisible pour enregistrer tous les autres produits, dans la mesure où certains médicaments sont connus pour présenter des difficultés de lecture au niveau de leur code-barres. La plupart des robots rangeurs utilisent des scans classiques pour lire les différents codes-barres, ARX pour sa part a choisi la technologie de lecture d’images par caméra (au nombre de trois par machine), reliée à un logiciel de traitement de l’image. L’intérêt de cette technologie est sa pérennité affirme en substance François Legaud, les pharmacies réalisent en effet un investissement dans le temps, alors qu’elles peuvent être confrontées à un nouveau changement de codification. Avec une telle technologie, il est possible de tout lire, quelles que soient les évolutions à venir.
Il peut arriver qu’une pharmacie demande un robot rangeur seul indépendamment de toute autre machine, il n’est pas dans ce cas tout à fait rangeur. Un certain nombre d’officines « historiques » n’ont pas assez d’espace pour une automatisation complète, mais assez pour installer une machine capable de réceptionner et de vérifier les commandes puis les trier avant que l’équipe officinale ne les range elle-même, ce sont aussi des machines que l’on appelle « trieurs ». « Nous avons un certain nombre de demandes pour des trieurs sans la fonction rangement automatique », affirme ainsi Olivier Resano. La vitesse de tri peut aller jusqu’à 600 boîtes à l’heure, ajoute-t-il. Mais ce ne peut être envisagé chez tous les fabricants, quand ils conçoivent les rangeurs en complément uniquement de leurs robots. Il est vrai que ces demandes sont rares…
D’une manière générale, les tarifs de ces robots qui rangent et qui trient oscillent entre 20 000 et 35 000 euros selon les fabricants. Tarifs qui évoluent en fonction de la façon dont les machines sont acquises, seules ou dans le cadre d’une offre globale. Dans ce dernier cas, des remises peuvent être accordées selon le montant global de la commande.
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