LES GRAND-PARENTS de James Gray, juifs de Russie, sont arrivés aux États-Unis en 1923 en passant par Ellis Island. L’île du port de New York, lieu d’accueil – ou de rejet – des aspirants à l’immigration dans la première moitié du XXe siècle, a longtemps obsédé le réalisateur de « Little Odessa », qui y voyait un lieu hanté par les fantômes de sa famille. Il a pu y tourner des scènes clés – et les meilleures – de son 5e film, un mélodrame ayant pour une héroïne une jeune Polonaise catholique, qui y débarque avec sa sœur en 1921. James Gray, qui a écrit le scénario avec Richard Menello, s’est inspiré des photos prises par son grand-père ainsi que des anecdotes de l’un de ses arrière-grands-pères, tenancier de bar dans le Lower East Side à la même époque.
Un mélodrame ? Le cinéaste assume. Comment raconter autrement l’histoire d’Ewa, contrainte à des solutions extrêmes, dans le New York des immigrants pauvres et de la Prohibition, pour retrouver sa sœur, placée en quarantaine sur l’île pour cause de tuberculose ? Comment représenter autrement « cette condition psychologique très moderne qu’est la codépendance », à savoir la relation d’Ewa et de celui qui l’utilise tout en l’aimant ?
Mais James Gray n’a pas évité tous les pièges du mélo. Dans les situations et dans le jeu de ses comédiens. Marion Cotillard, pour qui le rôle a été écrit, est plutôt bien, accent polonais compris, et elle est mise en valeur par des images superbement éclairées. Mais on a connu Joaquin Phoenix, l’acteur fétiche du cinéaste, moins premier degré, plus ambigu. Malgré tout, on se laisse entraîner. La force de ce lieu et de ses fantômes et celle d’une mythologie à laquelle le cinéma américain a beaucoup contribué.
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