LA RÉINTÉGRATION du budget médicaments dans le forfait de soins des EHPAD* prévue par la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2009 prend forme. Les expérimentations voulues par la loi débuteront dès le 1er octobre prochain au sein de 360 établissements sélectionnés, avant d’envisager une généralisation du principe en 2011, a annoncé la semaine dernière Nora Berra, secrétaire d’État aux Aînés, à la suite de la remise du rapport réalisé par Pierre-Jean Lancry, directeur de la santé de la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (MSA).
Pour le gouvernement, l’objectif d’une gestion des médicaments au sein des maisons de retraite est clair : lutter contre le mauvais usage des médicaments responsables d’hospitalisation et de surcoût pour l’assurance maladie. Il s’agit donc de mobiliser et de responsabiliser l’ensemble des acteurs des EHPAD, c’est-à-dire les directeurs, les médecins prescripteurs, les médecins coordonnateurs et les pharmaciens.
Un rôle d’expertise.
Ces derniers sont d’ailleurs particulièrement intéressés par l’expérimentation à venir, puisque celle-ci s’appuie notamment sur le nouveau statut de pharmacien référent prévu par la LFSS pour 2009 et confirmé par la loi HPST**. « Il s’agit de changer en profondeur le rôle du pharmacien d’officine qui, au-delà de son rôle traditionnel de fourniture des médicaments se voit attribuer un rôle central d’expertise pharmaceutique », commente Nora Berra. Un rôle que la secrétaire d’État compte même valoriser. « J’ai pris la décision, dans le cadre de cette expérimentation, de rémunérer de façon explicite l’activité du pharmacien référent », indique-t-elle. Le tarif ? Ce sera 0,35 euro par jour et par résident. En contrepartie, l’officinal devra notamment réaliser une liste des médicaments à utiliser de façon préférentielle, vérifier les prescriptions, former et informer les professionnels et assurer le suivi des consommations.
L’expérimentation permettra notamment de vérifier si ce montant forfaitaire est ou non adapté, précise Nora Berra. Elle permettra aussi « de faire la preuve que cette nouvelle prestation du pharmacien référent apporte plus de qualité : veiller au bon usage des médicaments, réduire les maladies d’origine médicamenteuse et maîtriser les volumes prescrits », ajoute-t-elle.
Des réserves.
L’expérimentation vise également à combattre les inquiétudes suscitées par la mesure chez certains responsables officinaux. « Notre crainte est que la réintégration des médicaments dans le forfait de soins des EHPAD conduise à la sélection des patients à l’entrée », avec l’exclusion de ceux bénéficiant de médicaments trop coûteux, explique ainsi Yves Trouillet, président de l’Association de pharmacie rurale (APR). « Nous avons accompagné les travaux sur ce sujet, notamment ceux menés par Pierre-Jean Lancry, afin de faire en sorte que cette expérimentation puisse se faire dans les meilleures conditions, mais nous restons opposés à la forfaitisation », renchérit Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
L’intégration des médicaments dans une enveloppe globale n’enchante pas non plus le président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond. Pour lui, il aurait été préférable de jouer d’abord la carte de la coordination des soins.
Une démarche « gagnante-gagnante ».
De son côté, Nora Berra se veut d’ores et déjà rassurante. « Ma conviction, au-delà des inévitables difficultés qu’un changement aussi important suppose, c’est qu’il s’agit d’une démarche « gagnante-gagnante » pour chacun des acteurs », affirme-t-elle. Et notamment pour les officinaux qui, selon elle, trouveront là l’occasion d’exercer un véritable rôle d’expert en matière de médicaments que personne ne pourra leur contester. D’ailleurs, les représentants des officinaux le reconnaissent : la mise en place du pharmacien référent et la rémunération qui va avec sont des bonnes choses. Mais Philippe Gaertner prévient qu’il restera vigilant à ce que ce statut ne soit pas détourné par la création de pharmacies à usage intérieur dans les EHPAD. « Nous serons particulièrement attentifs à ce que le chiffre d’affaires correspondant à l’approvisionnement de ces établissements n’échappe pas à l’officine », insiste le président de la FSPF.
L’expérimentation durera un an et se concluera par un rapport qui sera remis au Parlement le 1er octobre 2010. Il lui appartiendra ensuite d’en voter la généralisation.
* Hôpital, patients, santé et territoire.
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