ROSA CANALE, pharmacienne d’une soixantaine d’années, est installée dans le centre de Rome, à quelques minutes à pied du Parlement. Un quartier touristique, habité en temps normal par une population aisée et parfois âgée. Et pourtant, Rosa Canale a du mal à boucler ses fins de mois. « Sous couvert d’aligner les prix des génériques vendus en Italie sur la moyenne européenne, le ministère de la Santé a taillé dans le vif. Résultat : - 40 % sur les étiquettes », explique Rosa Canale. Une mesure d’autant plus inacceptable qu’elle réduit le pouvoir d’investissement des pharmaciens. « Nous devons avoir des stocks. Mais, en baissant le prix de vente d’un jour à l’autre, le ministère nous faire perdre beaucoup d’argent. Idem pour les grossistes », explique cette pharmacienne en colère. Elle ajoute que, sur les deux dernières années, la crise économique et financière a obligé les familles à revoir leur budget pharmacie. Du coup, les officines vendent moins. « Paradoxalement, les dépenses en milieu hospitalier ont été revues à la hausse dans certaines régions, notamment pour le budget pharmacie. On gâche inutilement des médicaments dans les hôpitaux. Alors pourquoi s’en prendre à nous ? », renchérit sa collaboratrice, Cecilia De Vito.
Autre sujet de dispute entre les pharmaciens et le ministère de la Santé : la vente des médicaments les plus coûteux. Les pharmacies ont perdu cette part de marché car les grossistes appliquent des réductions importantes aux structures publiques. Du coup, les malades doivent se tourner systématiquement vers les pharmacies hospitalières pour acheter ces médicaments. Une double contrainte pour les consommateurs car celles-ci pratiquent des horaires d’ouvertures réduits. « C’est une perte de temps inutile pour les malades, qui doivent faire des déplacements parfois importants, sans parler des queues interminables. Reste à vérifier, par ailleurs, si les économies sont réelles pour les consommateurs et, par conséquent, pour la Sécurité sociale, sur les étiquettes totalement remboursables », détaille Carlo Franceschini.
Difficultés d’installation.
Et les conditions salariales ? L’argument est délicat. Certains employés murmurent que leurs patrons ne sont généralement pas très généreux. Mais difficile d’en savoir plus… Sur les conditions de travail, en revanche, tous sont plus bavards. « On nous impose des horaires difficiles malgré des marges de gain de plus en plus réduites, vu le tour de vis imposé par le ministère du Trésor et les mesures adoptées par d’autres ministères, comme notamment la Santé, pour sortir de la crise », se plaint Patrizia De Cesare.
Autre nœud de vipères : l’examen que doivent soutenir les pharmaciens qui veulent casser leur tirelire et s’offrir une officine. « J’ai passé les tests il y a quasiment deux ans et je n’ai toujours pas réussi à m’installer », témoigne Roberto Marazzo. À l’origine de ce retard, les critères imposés par une réglementation sévère. Sans parler du manque de locaux sur le marché. « À ce propos, peut-être que la privatisation des pharmacies communales à Rome pourrait s’avérer une bonne chose… », confie en coulisses Carla De Bernardo.
Et l’affaire des services complémentaires offerts par les pharmacies, comme les analyses, par exemple ? « Du bluff », tonne Carla De Bernardo. Elle explique que ces services fonctionnent plus ou moins bien « certaines pharmacies attendent depuis un an et demi d’être remboursées par la Sécurité sociale ! ». Sans parler du forfait de 600 euros qui devait être versé aux pharmaciens à titre d’aide pour les investissements effectués (ordinateurs, imprimantes, Internet à large bande) suite à l’introduction des services complémentaires. Car, là encore, le ministère de la Santé traîne les pieds.
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