PLUS D’UN mois après le tremblement de terre de Port-au-Prince, les associations humanitaires sur place sont toujours sur le qui-vive. « On sait quand une situation d’urgence commence, on ne sait jamais quand elle finit », souligne Jean-Roch Serra, directeur général de l’organisation médicale la Chaîne de l’Espoir, associée à Tulipe pour la fourniture des médicaments au cours de cette mission à Haïti. Pour lui, la phase d’extrême urgence arrive à sa fin et l’on entre maintenant dans une phase d’urgence qui devrait durer trois à quatre mois. « Après les premières semaines de primo urgence, les besoins continuent », ajoute Erwan Le Grand, directeur général d’Aide médicale internationale (AMI), autre partenaire de Tulipe. Celui-ci craint, comme il a pu le constater lors de précédentes missions, que les consommables soient de plus en plus difficile à se procurer au fur et à mesure que la crise se fait oublier. « Ce qui nous fait toujours cruellement défaut, c’est l’accès à des morphiniques pour soulager les douleurs postopératoires », indique pour sa part Jean-Roch Serra. Mais la situation devrait prochainement s’améliorer. Tulipe a, en effet, obtenu l’autorisation de l’AFSSAPS* de stocker et d’acheminer ce type de produits depuis une dizaine de jours.
De leur côté, les ONG pharmaceutiques sont également toujours mobilisées. « Nous trions actuellement les dons de médicaments provenant de la Croix rouge mexicaine, de la Bolivie ou encore des Philippines », rapporte Marion Baudry, de Pharmacie et aide humanitaire (PAH). Une trentaine de pharmaciens ou étudiants en 4e année de pharmacie s’attellent à cette tâche parfois fastidieuse. Car, déplore Marion Baudry, « on nous apporte des cartons « pots-pourris » où l’on trouve tout et n’importe quoi, même des produits périmés ».
Un container rempli de génériques essentiels acheminé par Pharmacie humanitaire international (PHI) devrait, quant à lui, arriver sur place d’ici à quelques jours, indique Patrick Angelvy, coordinateur PHI de l’opération en Haïti. Un autre est actuellement en préparation et devrait parvenir dans le pays fin février début mars. Celui-ci contiendra essentiellement du matériel médical, c’est-à-dire des pansements, des compresses, des tubulures, mais aussi des cannes anglaises et des fauteuils roulants. « Ce sont les pharmaciens PHI de différents départements qui se sont mobilisés pour préparer ce container », souligne Patrick Angelvy, qui tient également à remercier les confrères ayant récolté des dons pour aider les sinistrés.
Toutes ces opérations ne seront pas vaines. Car au milieu des ruines, les humanitaires se préparent maintenant à subir la saison des pluies propice à la propagation des épidémies.
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