L’hépatite C chronique évolue de façon insidieuse pendant de nombreuses années, sans signe ni symptômes spécifiques. L’arrivée des médicaments antiviraux à action directe a révolutionné sa prise en charge, avec des stratégies thérapeutiques efficaces dans 95 à 100 % des cas, sans effet secondaire majeur.
Malgré ces progrès, l’hépatite C et ses traitements restent méconnus du grand public. De fait, alors qu'il s'agit de la seule maladie virale chronique pouvant être guérie, environ 75 000 personnes sont encore porteuses du virus en France, sans jamais avoir été dépistées. Par ailleurs, de nombreuses personnes diagnostiquées dans le passé sont, aujourd’hui, sorties du système de soins. À l'échelle mondiale, les hépatites virales (B et C) représentent la première cause de mortalité par maladie infectieuse. Face à ce constat, l'Association française des hépatologues (AFEF) a présenté ses recommandations pour éliminer, d'ici à 2025, l'infection par le VHC. C'est-à-dire, obtenir une diminution de 90 % des nouvelles infections et une réduction de 65 % de la mortalité liée au VHC.
Un parcours de soins simplifié
Pour atteindre cet objectif, l'AFEF propose plusieurs mesures simultanées, articulées autour de deux grands saxes : le traitement et le dépistage universels du VHC par le biais d'un parcours de soins simplifié. « Nous souhaitons que le traitement de l'hépatite C puisse être prescrit par l'ensemble des médecins, dont les généralistes. À l'étranger, cette initiative a montré une augmentation significative du nombre de patients traités. Quant au suivi du traitement, il pourrait être réalisé par le personnel soignant non médical car les traitements sont aujourd'hui très simples et bénéficient d'une bonne tolérance », souligne le Pr Christophe Bureau, secrétaire général de l'AFEF (CHU de Toulouse). Dans ses recommandations, l’AFEF préconise ainsi que les généralistes puissent prescrire des antiviraux d’action directe « d’emblée, et pour toute la durée du traitement », pour les cas non complexes de personnes atteintes par l'hépatite C, et après avoir réalisé un bilan complet (comorbidités, bilan sanguin, etc.). Toutefois, les généralistes ne prescriraient pas n’importe quels de ces médicaments, mais seulement ceux qui ciblent tous les génotypes du virus (de 1 à 6). Les hépatologues proposent donc deux schémas thérapeutiques à instaurer par le médecin traitant : Maviret (glécaprévir + pibrentasvir) durant 8 semaines, ou Epclusa (sofosbuvir + velpatasvir) durant 12 semaines.
Ce parcours de soins simplifié permettant au patient d'être pris en charge près de son domicile par son médecin traitant ne peut toutefois concerner tous les malades infectés par le VHC. En cas de co-infection VHB et/ou VIH, d'insuffisance rénale sévère, de comorbidité mal contrôlée, de traitement antiviral antérieur ou de suspicion de maladie hépatique sévère, le recours au parcours de soins spécialisé est nécessaire.
Par ailleurs, selon l'AFEF, la dispensation des traitements du VHC par l'ensemble des pharmacies doit être autorisée. Outre Maviret (Laboratoires Abbvie) déjà commercialisé en officine, les antiviraux de Gilead (Sovaldi, Harvoni, Epclusa et Vosevi) seront prochainement mis à disposition dans les pharmacies de ville (voir ci-dessus). « Nous nous réjouissons de cette évolution : tous les traitements de l'hépatite C doivent être disponibles dans les officines afin que les patients puissent y avoir accès au plus près de chez eux. La dispensation exclusive de ces traitements par les pharmacies hospitalières privées ou publiques constituait un frein majeur à l'élimination de l'infection par le VHC », indique le Pr Bureau. Pour l'AFEF, le pharmacien d'officine doit jouer un rôle central en matière d'observance thérapeutique et de vérification des interactions médicamenteuses. « Lorsque les officines pourront dispenser l'ensemble des traitements de l'hépatite C, nous serons dans une situation où le pharmacien verra plus souvent son patient que le médecin », confie le Pr Bureau.
Le pharmacien, nouvel acteur du dépistage ?
Concernant le dépistage du VHC, l'AFEF propose son élargissement à l'ensemble des professionnels de santé, dont le pharmacien. « Si le dépistage du VHC reste entre les mains des seuls hépato-gastroentérologues, nous n'arriverons pas à éliminer cette maladie. Tous les acteurs de santé doivent être acteurs du dépistage. Nous pourrions, par exemple, imaginer qu'à l'avenir les pharmaciens puissent effectuer des TROD pour dépister le VHC dans leurs officines », précise le Pr Victor de Lédinghen, ancien secrétaire général de l'AFEF (CHU Bordeaux). L'AFEF recommande, enfin, le dépistage de chaque adulte au moins une fois dans sa vie et la prise en charge à 100 % de tous les tests.
L'intégralité des recommandations de l'AFEF est disponible à l'adresse suivante : http://www.afef.asso.fr/RECOMMANDATIONS/recommandations_1
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